« Architecte, membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts, membre de l’Académie d’architecture et membre du comité d’histoire du ministère de la Culture, (…) tout au long de sa carrière, il avait marqué profondément la vie des idées et le paysage de la critique architecturale française », partage Rachida Dati, ministre de la Culture.

Formé comme architecte, François Chaslin avait pris part, entre 1981 et 1994, à l’aventure de la création de l’Institut français d’architecture, contribuant à des expositions marquantes telles que la trilogie Ciriani, Gaudin, Portzamparc. « Dans ce cadre, il avait réalisé des expositions puissantes exprimant la force d’innovation de la scène architecturale française », souligne la ministre.

Son engagement s’était également exprimé par la plume. Rédacteur en chef de L’Architecture d’aujourd’hui et des Cahiers de la recherche architecturale, il avait collaboré avec Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur ou encore El País. Ses ouvrages témoignent d’une pensée précise et engagée : Les Paris de François Mitterrand (1985) interrogeait les choix urbains du président, Une haine monumentale (1997) explorait l’« urbicide » et les conflits contemporains, et Un Corbusier lui valut le prix de l’Académie.

Cette volumineuse enquête mêle rigueur documentaire et liberté narrative pour brosser un portrait nuancé de l’architecte suisse, oscillant entre biographie, essai et méditation personnelle sur l’histoire de l’architecture moderne.

Trois ans plus tard, il publiait Rococo ou Drôles d’oiseaux (divertissement) aux Éditions Non Standard (2018), un texte tout aussi ample, où l’érudition côtoie l’esprit de jeu. Dans ce « divertissement » atypique, il explorait, à travers un foisonnement de figures et de motifs, un imaginaire architectural et culturel teinté d’ironie, témoignant de son goût pour les détours littéraires et les constructions intellectuelles audacieuses.

Sa voix, reconnaissable entre toutes, s’était imposée dans l’émission Métropolitains sur France Culture. « Il y avait porté une ambition : celle de croiser les voix, les regards et les déambulations partout dans le monde, autour de l’architecture et de la ville », la ministre de la Culture. Pédagogue, il avait enseigné dans les écoles nationales supérieures d’architecture de Lille et de Paris-Malaquais.

« L’héritage de François Chaslin perdurera, tant il avait eu cette capacité de se saisir de tous les outils médiatiques permettant de faire vivre et de promouvoir un débat intellectuel ouvert, exigeant, mais sans élitisme, sur l’architecture, la ville et la société d’après les années 80. J’adresse mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches », conclut la ministre.

Crédits photo : François Chaslin — Landesarchiv du Bade-Wurtemberg, photographie : Marlis Decker. CC BY 3.0 de

Par Hocine Bouhadjera
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