Une canicule « intense » frappe la France cette semaine : s’oriente-t-on vers un scénario pire qu’en 2003 ? (photo d’illustration prise à Paris le 30 juin 2025)

LUDOVIC MARIN / AFP

Une canicule « intense » frappe la France cette semaine : s’oriente-t-on vers un scénario pire qu’en 2003 ? (photo d’illustration prise à Paris le 30 juin 2025)

CANICULE – Quand on dit « canicule », beaucoup de Français pensent « 2003 ». Avec un bilan dramatique de 15 000 morts et des températures records observées dans tout le pays, la vague de chaleur qui a frappé l’Hexagone entre le 1er et le 20 août 2003 est un traumatisme national. Celui-ci est ravivé à chaque canicule d’ampleur, à l’image de celle qui frappe la France cette semaine.

Pas moins de 14 départements sont placés en vigilance rouge ce mardi 12 août par Météo-France, qui parle dans son dernier bulletin d’un « épisode caniculaire d’un niveau exceptionnel » dans le Sud-Ouest et le Centre-Est. La vigilance maximale va être maintenue mercredi dans cinq départements (Aude, Ardèche Isère, Drôme, Rhône). Sur place, les records de températures tombent dans de nombreuses villes : celui d’août 2003 a été pulvérisé à Angoulême et à Bergerac (42,1 °C lundi, pour un ex-record à 41,1 °C).

À Bordeaux, c’est le record de juillet 2019 (41,2 °C) qui a été battu lundi après-midi, avec un thermomètre à 41,6 °C. Ces chiffres impressionnants étaient presque communs en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie lundi. Dans ces régions, les valeurs supérieures à 40 °C se sont « généralisées » dès qu’on s’éloignait des côtes, comme le montre la carte que vous pouvez voir ci-dessous, partagée sur X par le météorologue Guillaume Séchet.

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Des températures élevées qui font que la canicule de 2025 est « comparable » localement à celle d’août 2003, selon des observations de Météo-France citées lundi par le Midi Libre ou La Dépêche du Midi. Mais alors que « les fortes chaleurs s’étendent au Nord-Est et à l’Île-de-France », avec des vigilances orange en cascade comme vous pouvez le voir sur les cartes de Météo-France, le scénario de 2003 peut-il se répéter dans tout l’Hexagone ?

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Lire la Vidéo Une « canicule remarquable »… mais moins que celle de 2003

Le coup de chaud de cette semaine est assez exceptionnel, mais la comparaison avec 2003 ne tient pas vraiment au niveau national, à en croire de nombreux météorologues. Si La Chaîne Météo parle d’une « canicule intense » qui « présente plusieurs points communs » avec celle d’il y a 22 ans, elle relève plusieurs différences notables, notamment en termes d’intensité.

« L’indicateur thermique national, qui combine les températures minimales et maximales relevées » dans le pays, reste loin du record de 2003, relève le média spécialisé. Cet indicateur avait alors atteint les 29,4 °C au pic de la canicule, il ne devrait cependant pas dépasser les 28,5 °C cette année. Si ce chiffre se confirme, l’épisode de chaleur d’août 2025 « resterait parmi les plus marquants », mais il serait « légèrement en retrait en intensité » par rapport à 2003.

Plusieurs prévisionnistes soulignent également que la canicule historique avait touché quasiment tout l’Hexagone, ce qui n’est pas le cas cette année puisque la vague de chaleur frappe plus durement la moitié sud. Le site Météo-Paris rappelle ainsi que dans plusieurs villes de la moitié nord où le thermomètre s’était affolé en 2003 (39,4 °C à Dinard, 39,3 °C à Reims, etc.), les modélisations pour la canicule actuelle « sont un cran en dessous ».

Ce constat sur l’extension plus limitée de la canicule de 2025 est partagé par Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France interrogé par Le Monde. S’il reconnaît l’« intensité remarquable » de la vague de chaleur actuelle, surtout dans le Sud-Ouest, il souligne qu’« à l’échelle nationale, on n’est pas du tout dans la configuration de 2003 ». « L’air chaud ne remontera pas sur l’intégralité du pays et il n’est pas envisagé de passer la région parisienne en alerte rouge », insiste-t-il.

Une meilleure gestion des risques

En termes de santé publique, les conséquences de la canicule de 2025 ne seront vraisemblablement pas les mêmes qu’il y a 22 ans. « Des dispositifs existaient, mais ils n’étaient pas forcément structurés », rappelait Thomas Lanoux, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSPF) interrogé début juillet par Le HuffPost. La canicule de 2003 et ses 15 000 morts a mis l’État « face à cet enjeu et à la nécessité de prévenir les risques liés aux fortes chaleurs ».

Avec l’instauration de la vigilance rouge de Météo-France, du « plan canicule » et la sensibilisation toujours plus grande du public, la France est mieux armée pour faire face aux vagues de chaleur, même si les efforts de prévention et d’adaptation du bâti – notamment dans les écoles et les hôpitaux – restent à fournir. Avec plus de 3 700 personnes décédées selon Santé publique France, le bilan des fortes chaleurs à l’été 2024 rappelle l’impact persistant de la canicule en matière de santé publique.

Les effets sont aussi indéniables sur l’environnement entre la sécheresse marquée dans le Sud-Ouest, le risque incendie, mais aussi les canicules marines. En Méditerranée, la température de l’eau pourrait égaler voire battre des records, dont celui d’août 2003, alertent plusieurs médias dont Le Parisien et France 3 Occitanie. Selon eux, le thermomètre marin pourrait atteindre les 30 °C par endroits en fin de semaine. « On risque de battre à nouveau le record absolu, qui avait déjà été battu une première fois en août 2024 », a constaté auprès de France 3 Alix Roumagnac, le président du service de prévisions météo Predict, rappelant l’impact délétère de ces canicules marines sur la biodiversité.