Le 9 août dernier, la préfète du Rhône a pris un arrêté d’interdiction d’arrosage des espaces verts. Le brumisateur du jardin du Pré Gaudry est donc à l’arrêt, et le sol du jardin est presque devenu de la poussière là où le peu d’herbe séchée a résisté aux passages des humains.

Situés à l’arrière du tout nouveau bâtiment de l’emlyon, au sud du collège Gisèle Halimi encore neuf, les 11 000 m² du Jardin Pré Gaudry sont totalement désertés par les habitants que l’on espère loin d’un Lyon brulant et minéral en ce mardi matin.

Mais Pierre Athanaze, vice-président de le Métropole à la Nature en ville est si passionné par son sujet qu’il en parlerait des heures. Même l’oubli de sa gourde, qu’il aurait pu remplir à la fontaine du jardin restée heureusement ouverte, ne suffit pas à le ralentir.

C’est d’autant plus méritoire que la réalisation de cet espace arboré du 7e arrondissement a été pensé et conçu bien avant l’arrivée des écologistes à la tête de la collectivité en 2020, par un travail conjoint entre les ingénieurs de chez Cap Vert, les paysagistes de Ilex et l’aménageur Terideal, travail qui leur a d’ailleurs valu de remporter en 2024 le Green Cities Europe Awards.

Ecrasé par le cruel soleil d’août, on peut avoir l’impression que le jardin ne mérite pas telle récompense européenne, mais le détail des étapes qu’il a fallu franchir pour réussir la transformation de la friche industrielle autrefois occupée par une entreprise de câbles lyonnais, et que racontent avec passion Pierre Athanaze et Philippe Baron des services fleuves de la Métropole, permet de mieux comprendre leur satisfaction.

Une pluie nécessaire

Sur ce terrain, 60% de la terre a été conservée, mais débarrassée des espèces exotiques envahissantes et mélangée avec un apport organique extérieur. Et surtout, des bactéries ont été prélevées aux alentours des racines de « l’arbre mère », un superbe tilleul d’une petite centaine d’années, cultivées en laboratoire, pour ensemencer la terre du jardin et optimiser les chances de voir un réseau souterrain de racines favoriser la survie des jeunes arbres nouvellement plantés ; ce que les spécialistes appellent l’anastomose racinaire.

Les espèces d’arbres ont été diversifiées : Orne, Érable, Chêne vert, Merisier, et accompagnés d’arbustes et de lierres au sol pour essayer de construire en trois strates une bulle d’évapotranspiration qui ne profite pas seulement aux oiseaux sur les hautes branches mais aussi aux pauvres rampants que sont les humains sur leurs deux pattes.

Passés trois ans ces arbres ne sont plus arrosés, et avec la chaleur on voit bien les signes du stress hydrique apparaître.

Philippe Baron confirme que la dernière pluie date du 25 juillet. On attend avec angoisse les orages espérés pour la deuxième quinzaine d’août. Sinon, ce beau jardin ne sera peut-être plus là pour les canicules de 2026.