Depuis plusieurs décennies, les côtes écossaises abritent l’un des complexes militaires les plus stratégiques du Royaume-Uni. Ce site, associé à la dissuasion nucléaire, se veut un modèle de sécurité et de maîtrise technologique. Pourtant, derrière cette façade, des dysfonctionnements persistants ont permis à des substances dangereuses de s’infiltrer dans l’environnement. Les récentes révélations sur la pollution radioactive à Coulport montrent qu’un secret soigneusement gardé vient de céder sous la pression judiciaire.
sous-marins nucléaires équipés de missiles Trident.
Ces informations n’ont été rendues publiques qu’après six ans de demandes insistantes auprès des autorités. Selon The Ferret, qui a relayé 33 documents internes, la divulgation a été imposée par le commissaire écossais à l’information, estimant que l’enjeu relevait davantage de la protection de la réputation que de la sécurité nationale. The Guardian précise que le ministère de la Défense avait initialement refusé la publication, invoquant la confidentialité militaire.
Les causes techniques et institutionnelles de la pollution radioactive
Les inspections menées par l’Agence écossaise de protection de l’environnement (Sepa) ont pointé des “lacunes dans la maintenance” et un réseau de plus de 1 500 canalisations en fin de vie. Jusqu’à la moitié des composants examinés en 2020 dépassaient leur durée de service prévue. Les rapports révèlent que certains raccords et systèmes de fluides fonctionnaient hors spécifications depuis des années.
En 2020, la Royal Navy a annoncé vingt-trois mesures correctives et reconnu un manque de préparation. Ce défaut avait entraîné confusion et mauvaise communication sur les risques. Malgré ces engagements, deux nouvelles ruptures ont été signalées en 2021, montrant la lenteur d’application des décisions. Pour David Cullen, spécialiste des armements nucléaires, cette gestion reflète un problème persistant dans le programme nucléaire britannique, lié à un contrôle insuffisant.
Réactions et mesures après la levée du secret
Face à la pression médiatique et politique, le ministère de la Défense assure que les rejets n’ont jamais atteint un niveau dangereux pour la santé humaine ou l’environnement. La Sepa se dit désormais satisfaite des améliorations apportées en matière de maintenance et de gestion. Les données sur les rejets radioactifs de Coulport et Faslane sont publiées chaque année, accompagnées d’évaluations de leur impact environnemental.
La publication des documents a cependant renforcé les appels à une transparence accrue. Des responsables politiques écossais estiment qu’aucun site manipulant des matières aussi sensibles ne devrait échapper à des contrôles stricts. Pour les habitants des environs et les associations environnementales, la révélation de cette pollution radioactive reste un rappel des risques inhérents aux installations nucléaires, même lorsqu’elles sont présentées comme parfaitement maîtrisées.