La Marseillaise : Riverains et associations réclament de concert une halte soins. Qu’en pensez-vous ?
Michèle Rubirola : C’est une avancée très positive. C’est un principe de réalité qui est encore plus criant qu’avant. On le savait, on voulait anticiper ce phénomène dramatique que vivent les gens du centre-ville et malheureusement les usagers de drogue à la rue. Maintenant que ça dérange beaucoup, les gens se bougent plus qu’avant et ça, c’est très bien. Je préfère être dans l’anticipation mais parfois, on ne peut que réagir. Je pense qu’il y a urgence à faire une halte soins, comme nous le disait le commissaire du 1er arrondissement, avant qu’il n’y ait trop de problèmes de crack.
Il aura donc fallu du temps après que le projet que vous souteniez ne soit enterré par l’État début 2024…
M.R. : Cet échec a été une instrumentalisation de ce temps long dû à la démission d’Aurélien Rousseau [l’ancien ministre de la Santé, Ndlr] motivée par le risque de suppression de l’AME (aide médicale d’État) et je le félicite d’avoir quitté le gouvernement pour cela, mais les équipes de Bruno Gilles (Hor.) ont profité de ce délai. C’était les mêmes personnes qui l’avaient amené il y a 7 ans à se battre contre le projet de Michel Padovani à l’hôpital. Et après, ils ont réussi à faire peur aux gens qui ne savaient pas trop, et on a été pris de court. Si le ministre avait signé, il n’y aurait plus de soucis.
Dans ces conditions, comment voyez-vous l’avenir ?
M.R. : La problématique est nationale avec un accès facilité à ces substances. On avait un million d’euros qui étaient bloqués. On avait un lieu, l’hôpital qui venait et puis… Je suis ravie que Nicolas Bessone [le procureur de la République de Marseille, Ndlr] ait aussi changé de position, je vais pouvoir m’appuyer dessus. Et je vais continuer à soutenir les associations, elles peuvent compter sur moi. Je mets 150 000 euros pour ramasser les seringues alors qu’ils ne peuvent pas faire un travail de fond. C’est cher payé, on pourrait mettre cet argent ailleurs. Une HAS diminue par 4 ou 5 le nombre de seringues dans la rue, à l’année. On a la preuve que c’est efficace. D’ailleurs, toutes les politiques publiques que je veux mettre en place sont basées sur des preuves scientifiques.