Les États-Unis préparent une mesure inédite qui pourrait modifier en profondeur les conditions d’entrée pour certains voyageurs étrangers.

Le gouvernement américain s’apprête à tester une mesure qui pourrait bouleverser les conditions d’entrée sur son territoire pour certains voyageurs. Dès le 20 août, un programme pilote imposera à certains demandeurs de visa une caution pouvant atteindre 15 000 dollars, soit environ 13 600 euros. Cette somme sera restituée si le visiteur respecte plusieurs conditions.

Une caution inédite pour obtenir un visa vers les États-Unis

Le montant sera restitué si le voyageur repart dans les délais, mais définitivement perdu en cas de dépassement de séjour. Une initiative qui ne touchera pas directement les Français, dispensés de visa grâce au programme d’exemption, mais qui pourrait influencer, à terme, la politique migratoire américaine. Le dispositif cible les pays où plus de 10 % des visiteurs restent au-delà de la durée autorisée ou dont les contrôles sont jugés insuffisants par Washington. La liste précise n’a pas encore été publiée, mais les critères correspondent à plusieurs nations africaines, ainsi qu’à l’Afghanistan ou Haïti. « Le montant exact de la caution sera déterminé par l’agent consulaire en fonction de la situation du demandeur », précise l’administration de Donald Trump.

Trois niveaux sont prévus : 5 000, 10 000 et 15 000 dollars. L’obligation pourra être levée dans certains cas, mais pour l’essentiel, les voyageurs devront avancer cette somme pour entrer aux États-Unis, qu’ils récupéreront à leur retour. Un dispositif similaire avait été esquissé par la première administration Trump fin 2020, mais la pandémie et l’élection de Joe Biden avaient stoppé le projet net. Aujourd’hui, le contexte est différent : Donald Trump est revenu à la Maison Blanche et son vice-président JD Vance affiche une ligne dure. Il a ainsi exhorté les visiteurs de la Coupe du monde 2026 à « ne pas rester plus longtemps qu’ils ne le devraient », rapporte franceinfo. Steve Bannon, figure influente auprès des conservateurs, a même appelé à expulser tous les étudiants étrangers et à supprimer le visa H1B, très utilisé par les talents de la Silicon Valley.

Un durcissement des conditions d’entrée aux États-Unis

Officiellement, le programme ne devrait concerner qu’un faible volume de demandes. L’US Travel Association estime qu’« il n’affectera sans doute pas plus de 2 000 personnes ». L’objectif est de répondre à un problème bien identifié : chaque année, des centaines de milliers de visiteurs restent illégalement sur le territoire après l’expiration de leur visa. En 2023, environ 500 000 personnes auraient dépassé leur durée de séjour autorisée, selon les données officielles.

Depuis six mois, l’administration américaine multiplie les signaux de fermeté : expulsions médiatisées par l’agence ICE, hausse de son budget, rétablissement du « travel ban », augmentation de 250 dollars des frais pour les visas touristiques et d’affaires, et suspension récente des visas pour les ressortissants du Burundi. La « grande et belle loi » budgétaire de Donald Trump prévoit par ailleurs la possibilité d’augmenter encore ces frais, indiquent Les Echos.

Pour l’instant, les voyageurs en provenance de la quarantaine de pays du programme d’exemption, dont la France, ne sont pas concernés par cette caution. Ils peuvent séjourner jusqu’à 90 jours avec une simple autorisation électronique ESTA, facturée 21 dollars. Mais le climat actuel, marqué par un discours sécuritaire appuyé, n’incite pas à l’optimisme pour le secteur touristique. Dès mars, les États-Unis ont enregistré une baisse de 11 % du nombre de visiteurs étrangers, avec un recul plus marqué encore pour les Canadiens et Mexicains.

Si l’Amérique se ferme à certains profils, elle reste ouverte à d’autres… à condition de payer très cher. La « Gold Card » promise par Donald Trump offre un accès rapide au statut de résident permanent pour 5 millions de dollars. Inspiré de programmes testés en Europe avant d’être abandonnés, ce visa haut de gamme vise à renflouer les caisses fédérales. Une logique à double vitesse qui pourrait, à terme, redessiner le visage de l’immigration américaine et l’accès au territoire pour des millions de voyageurs.