Il ne porte pas de raquette. Il ne transpire pas. Pourtant, à l’Open de Pra Loup, il gagne plus de matches qu’aucun joueur du circuit. À 1 500 mètres d’altitude, en allégeant les balles, l’air devient un rival invisible. Léa Tholey, tenante du titre, en a – probablement – fait l’amère expérience hier matin. La 37e Française et tenante du titre, entrait alors sur le court face à Helena Mohamed, classée -4/5. Une heure et demie plus tard, Mohamed, jeune Aixoise de 23 ans, licenciée à Montpellier, pliait le match en deux sets. « Mon point fort, c’est mon service », confiait-elle. Un atout qui, à Pra Loup, peut se révéler dévastateur : à cette altitude, la balle fuse et rebondit plus haut. « Les rebonds sont super hauts, et la balle vole beaucoup plus. »
Arriver en avance
Astrid Cirotte (n°45), qualifiée pour les demi-finales après être arrivée plusieurs jours avant son premier match, détaille sa méthode : « Il faut venir plus tôt, s’habituer. Dans le jeu, mettre plus de lift, prendre les coups à plat sinon la balle s’envole. » Un luxe que son adversaire Zoe Ulrich, battue hier, ne s’est pas offert : « Je suis arrivée la veille au soir, sans pouvoir taper avant le match. Ça m’a vraiment pénalisée. »
Chez les hommes, Maxence Rivet (n°85), tombeur d’Alexis Gautier, confirme : « Ici, les bons serveurs sont très avantagés. Même un service moyen peut devenir excellent. Le plus dur, c’est de retourner. Et sur les longs échanges, on sent également la respiration plus courte. » Il évoque aussi la chaleur : « À presque 40 degrés, le corps chauffe plus vite, le soleil brûle davantage à 1 500m d’altitude. »
Des fautes qui coûtent cher
Mickaël Benoit, juge-arbitre, résume d’une phrase : « Au tennis, tu es déjà seul sur le court. Ici, l’altitude, c’est un deuxième ennemi. » Moins de résistance de l’air, plus de rebonds, balles qui s’échappent… et fautes de longueur fréquentes. « Entre Barcelonnette et Pra Loup, il y a déjà une grosse différence. À 1500m, la balle sort plus vite de la raquette, traverse le terrain et finit souvent derrière la ligne. Les lifts et slices prennent encore plus d’effets. Ceux qui réussissent misent sur le service et la volée, et prennent la balle tôt. » Et il faut aussi adapter le cordage : « On tend plus haut, à 25 plutôt qu’à 20, pour garder du contrôle. »
Enfin, Mathilde Lollia (n°25), vainqueure de ses quarts, livre sa recette : « Réduire les préparations, rester bas sur les jambes et hyper concentrée, car tout va plus vite. »
À Pra Loup, le tennis se joue sur trois fronts : l’adversaire, soi-même… et l’air