Elle s’appelle Julie, mais c’est tout ce qu’on saura de son état civil, car pour le reste, c’est son nom d’artiste qui doit être utilisé dans cet article : La Dame qui colle. Cette femme d’une trentaine d’années, qui réside à Lille, est venue à Vannes le jeudi 7 juillet et n’a pas manqué de laisser une empreinte de son passage. Six de ses collages ont fleuri dans l’intra-muros, mais aussi à l’écart du centre touristique, dans la rue du Moulin et sur le mur de l’escalier qui mène au bâtiment administratif de la mairie de Vannes, rue du 8-Mai 1945.

Toutes ces femmes, je les ai rencontrées. Certaines ont la trentaine, d’autres plus de 60 ans. Toutes m’ont raconté leur histoire, les violences qu’elles ont pu subir

Ce sont des dessins de femmes uniquement, issus d’une série intitulée #gardiennes de rue. Le message écrit sur les cartels apposés sous les collages éclaire sur sa démarche : « Ces portraits sont ceux de femmes elles-mêmes survivantes de violences, qui nous prêtent main-forte dans la rue ». « Toutes ces femmes, je les ai rencontrées. Certaines ont la trentaine, d’autres plus de 60 ans. Toutes m’ont raconté leur histoire, les violences qu’elles ont pu subir. À travers mes collages, je cherche à affirmer la présence de la femme dans l’espace public », explique la street artiste.

« Le type même d’endroit pas confortable pour les femmes »

L’escalier qui mène à la mairie a été choisi à dessein. « C’est le type même d’endroit qui n’est pas confortable le soir pour les femmes. À partir d’une certaine heure, on peut imaginer qu’elles évitent de passer par là, contrairement aux hommes ». Avant Vannes, La Dame qui colle a essaimé quelques collages à Lorient. « C’est la première fois que je venais à Vannes. C’est joli ! Le reste de l’année, je travaille sur d’autres projets, des sujets politiques par exemple. Récemment j’ai fait une série sur des femmes célèbres. Mais quand je suis en itinérance comme ça, j’aime bien revenir à ce sujet de l’insécurité dans l’espace public », explique l’artiste par téléphone depuis Rochefort.

Elle qui met une dizaine d’heures à réaliser chacune de ses œuvres, ne passe que quelques minutes à les coller. Sous l’œil bienveillant des passants le plus souvent. « J’ai eu un échange sympa avec des habitants dans la rue Noé. Ils voyaient d’un bon œil que j’habille la vitrine de ce commerce qui n’est plus en activité depuis un moment. Le street art commence vraiment à entrer dans la vie courante ». Pour voir les collages de la Dame qui il faut donc se promener dans le secteur de la rue du Moulin, rue Noé, rue de la Poissonnerie et rue Carnot.