Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

13 août 2025 à 10h36
; mis à jour le 13 août 2025 à 10h39

L’heure du procès est arrivée : cinq trafiquants présumés de tabac, dont quatre épiciers interpellés le 25 juin 2025, après quatre mois d’enquête minutieuse du Service local de police judiciaire de Montpellier, soupçonnés d’appartenir à un réseau de contrebande de cigarettes importées illégalement principalement d’Espagne, mais également de la Principauté d’Andorre et revendues dans des épiceries de nuit de la cité Saint-Martin sont jugés ce mercredi après-midi au tribunal correctionnel.

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Ils sont prévenus de détention et de vente de cigarettes de contrebande, ainsi que d’acquisition et de vente de produits psychotropes. Tous avaient été arrêtés après un coup de filet et des perquisitions menées dans des épiceries de nuit et des box où les cargaisons étaient dissimulées permettant la saisie de 120 cartouches de Philip Morris, 545 bonbonnes de protoxyde d’azote qui procurent du gaz hilarant dangereux pour la santé de ceux qui inhalent ce produit avec des ballons de baudrucheune arme de poing et 17 000 €, comme Métropolitain l’avait évoqué.

Déjà connus de la justice 

Tous les mis en cause sont déjà connus de la justice pour avoir été condamnés pour trafic de cigarettes et les quatre épiceries impliquées ont récemment fait l’objet de fermetures administratives ordonnées par le préfet de l’Hérault. C’est à la suite d’un précieux renseignement concernant des activités suspectes dans différentes épiceries du quartier Saint-Martin que les enquêteurs avaient pu découvrir l’existence de ce trafic et interpeller les cinq principaux membres du réseau.

Le mode opératoire utilisé consistait à acheter régulièrement de petites quantités de cigarettes à la frontière, puis d’agréger les volumes dans les box perquisitionnés pour ensuite alimenter les épiceries pour la vente au détail. L’audience de ce mercredi devrait durer plusieurs heures, les auteurs présumés ayant réclamé un délai pour préparer leur défense, lors de leur comparution immédiate, en juin dernier.

Vidéos : en ce moment sur ActuConcurrence déloyale

Les buralistes ne cessent de dénoncer ces trafics juteux, avec une concurrence déloyale. En 2024, à Montpellier, on estimait à 47,5% la consommation de cigarettes ne provenant pas du réseau légal des commerces habilités à les vendre. Près de la moitié -19%- est constituée de cigarettes de contrefaçon, soit une hausse de 18 points en 5 ans.

Sollicité par Métropolitain, Daniel Bruquel, chef du service prévention du commerce illicite chez Philip Morris France et partie civile pour ce procès « cette affaire est symptomatique de l’évolution du trafic et de la normalisation de la vente illégale de cigarettes dans les épiceries de quartier. Montpellier est une ville particulièrement touchée par le développement de ces marchés parallèles. Une enquête menée par le cabinet EY-Parthénon en 2024 établit ainsi qu’environ 80% des commerces de proximité de la ville vendent illégalement des cigarettes de contrefaçon ou de contrebande. À cela, s’ajoute la vente illégale dans ces établissements de cigarettes électroniques jetables « puffs » pourtant interdites en France depuis février 2025″.

Il relève que, « ces trafics  à Montpellier, comme partout en France, sont la démonstration que la politique de santé publique menée en France, basée sur la seule augmentation des taxes sur le tabac et l’interdiction de produits de la nicotine est inefficace, car le nombre de fumeurs aujourd’hui est le même qu’il y a 25 ans ! Et il est à craindre que ce trafic s’étende également aux sachets de nicotine, cette nouvelle alternative à la cigarette que le gouvernement souhaite interdire ajoutant ainsi de nouveaux revenus aux réseaux criminels ». Les parties civiles espèrent que de sévères condamnations seront prononcées ce mercredi pour dissuader les trafiquants de tabac de contrebande de poursuivre leurs activités.

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