Quand on observe Ursula von der Leyen en Écosse aux côtés du Donald, on ne pense pas spontanément à l’oncle Picsou. Au contraire. L’Américain vient de lui faire les poches, en imposant aux Européens 15 % de droits de douane, 600 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis et l’achat de 750 milliards de gaz de schiste… « The biggest deal ! » s’est glorifié le président, toujours modeste. Elle a cédé sans protester. Elle a remballé les mesures de rétorsion envisagées. Les constructeurs automobiles allemands peuvent souffler, ils échappent à la taxe de 30 % que menaçait de leur infliger l’administration américaine dès le 1er août. 

Ursula von der Leyen affiche un sourire contraint. Le pire étant la conférence de presse finale et les flagorneries adressées au vainqueur, comme s’il fallait craindre qu’il se ravise et la jette dehors. Elle imite même son hôte en levant le pouce ! C’est la capitulation en chantant. Un peu comme si les officiers du Kaiser avaient fait le V de la victoire dans le wagon de Rotonde. 

La présidente de la Commission européenne n’est pas une avare ordinaire qui hurle à la mort quand on touche à son épargne. Ursula est prodigue avec notre argent. Mais c’est bien une ladre, une pingre, une avaricieuse. Sa cassette, ce sont ses secrets. Elle garde sous clef les infos qu’elle devrait communiquer. Elle n’accepte aucun contrôle. Une avare refuse toujours de rendre des comptes. 

Marché mirobolant 

L’avarice est une passion. Honteuse, incurable, dévorante jusqu’à l’irrationnel. Un vice qui aggrave tous les autres. L’Église la condamne aussi sévèrement que l’orgueil et Dante la décrit comme une louve qui repousse le poète dans une caverne où n’entrent jamais les rayons du soleil. Ursula von der Leyen égare dans les ténèbres du labyrinthe bureaucratique ceux qui osent lui réclamer des comptes. 

La Commission se targue d’être championne du droit d’accès aux documents administratifs

L’affaire la plus connue est celle des SMS mystérieux qu’elle a échangés pendant l’épidémie de Covid avec Albert Bourla, le président de Pfizer, et qu’elle refuse obstinément de communiquer. En janvier 2021, l’Europe a acheté 1,8 milliard de vaccins pour près de 4 milliards d’euros. Trois doses par personne qu’il a fallu détruire ensuite. Pourquoi en avoir commandé autant et pourquoi coûtaient-ils de plus en plus cher ? La Commission, qui est tenue de publier les échanges sur les accords commerciaux qu’elle a conclus, a opposé sa mauvaise foi aux avocats du New York Times, aux enquêteurs du Tribunal de l’Union européenne, à la médiatrice, à la Cour des comptes, à la Commission parlementaire sur le Covid-19 qui l’interrogeaient sur ce marché mirobolant. À ce niveau d’opacité, ce n’est plus l’Union européenne mais l’Union soviétique. 

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L’argent de l’Unrwa

Idem avec l’Unrwa. La Commission se targue d’être championne du droit d’accès aux documents administratifs. Elle exige la transparence des entreprises qui doivent respecter la RSE comme un nouveau décalogue. Mais elle rechigne à répondre à ceux qui veulent savoir où est passé l’argent versé à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Israël accuse l’Unrwa d’être largement infiltrée par le Hamas à Gaza. Au moins une douzaine de ses employés étaient des terroristes du 7-Octobre. La plupart des pays européens ont aussitôt suspendu leur aide. Pas l’UE, qui a versé 275 millions d’euros à l’organisation l’an dernier. On veut connaître les montants précis alloués depuis dix ans, lire les rapports d’audit sur l’utilisation de ces sommes, vérifier qu’ils n’ont pas financé les tunnels où croupissent les otages. Depuis trois mois, des associations réclament en vain ces documents. L’opacité nourrit toutes les rumeurs. 

On rit d’Harpagon. On le plaint. On devrait surtout s’en méfier. À la tête d’un État, il provoquerait la révolution. La tante Picsou ruine la confiance des Européens.