Au CHU de Montpellier, un ophtalmologiste redonne la vue
à des patients en utilisant une technique datant d’il y a plus d’un
demi-siècle. Il est ici question d’une prothèse de cornée associant
différents matériaux, à savoir du plexiglas, de l’os de mâchoire et
de la dent, entre autres.
Une opération fastidieuse
Chef du service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier, Vincent
Daïen a été interrogé par le quotidien Midi Libre, dans le cadre d’un
article publié le 6 juillet 2025. Depuis deux ans, le spécialiste
redonne la vue à des patients aveugles suite à une
maladie ou un accident. Or, la technique que ce dernier utilise
n’est autre que l’ostéo-odonto-kératoprothèse (OOKP),
dont l’apparition remonte au début des années 1960 sous l’impulsion
du chirurgien ophtalmologiste italien Benedetto Strampelli.
Complexe et chronophage, l’OOKP consiste à transplanter
un greffon servant de support pour la cornée, cette
dernière recouverte par une lentille de contact artificielle. Tout
commence avec le prélèvement d’une canine, d’un bout de mâchoire et
d’un morceau d’os du bassin afin de tailler une pièce une
pièce de 1,5 sur 1 cm, cette dernière intégrant également
du plexiglas.
Vient ensuite la préparation de la prothèse biologique, son
implantation dans l’œil et enfin, la mise en nourrice
durant deux à trois mois. Cette dernière étape consiste à
conserver la cornée défaillante sous la paupière et la protéger à
l’aide d’un lambeau de muqueuse jugale (de l’intérieur des joues).
Le but est ici d’éviter le rejet du greffon et de favoriser la
revascularisation. Après cette opération fastidieuse, une autre
intervention difficile suivra : la reconstruction de toute
la surface oculaire.
Crédits : Osteo odonto keratoprosthesis – OOKP /
FacebookUne dizaine de patients déjà traités
Il est important de préciser que l’OOKP se destine aux personnes
ayant perdu la vue mais dont les yeux et le nerf optique sont
encore dans un état général acceptable. Il s’agit
également de personnes n’ayant pas pu bénéficier d’une greffe de
cornée classique. En deux ans, Vincent Daïen a opéré une dizaine de
patients et certains d’entre-eux ont retrouvé la vue à des niveaux
très intéressants. Par ailleurs, si le spécialiste semble confiant
sur l’efficacité de la technique, ce dernier reste modéré dans la
mesure où les chances de réussite ne sont pas
maximales.
Soulignons également le fait que l’OOKP nécessite la
coopération de plusieurs spécialistes, à savoir
des ophtalmologistes, des dentistes, des chirurgiens
maxillo-faciaux ainsi que des anesthésistes. La procédure complète
peut durer plusieurs heures et nécessite une hospitalisation de
plusieurs jours.
Enfin, Vincent Daïen désire tenter de faire en sorte que
l’ostéo-odonto-kératoprothèse devienne une référence en Europe.
L’expert estime même qu’en optimisant la technique, il serait
possible d’atteindre une acuité visuelle de 10/10.
Cependant, une autre technique assez similaire pourrait faire de
l’ombre à l’OOKP : la chondro-keratoprothèse, dont la principale
différence réside dans l’utilisation de cartilage de conque
auriculaire, la partie de l’oreille externe en forme de
coquille.