Le gouvernement envisage de supprimer l’abattement automatique de 10% dont bénéficient les retraités. Pour le remplacer par un forfaitaire de 2.000 euros. Avec ce nouveau système, le seuil d’imposition pour une personne seule va évoluer.
C’était une des principales annonces du plan d’économies budgétaires de François Bayrou, dévoilé le 15 juillet dernier. Elle concerne les retraités et leur impôt sur le revenu: l’abattement automatique de 10% (mais plafonné à 4.399 euros) dont ils bénéficient depuis 1978 va être supprimé.
Heureusement l’impact de cette suppression serait bien limité puisqu’il serait remplacé par un autre abattement. Qui serait lui forfaitaire: d’un montant de 2.000 euros pour un retraité seul, et 4.000 euros pour un couple.
Le seuil de non imposition augmente à 19.500 euros
Cette modification n’aura pas spécialement d’impact pour une majorité de retraités: en effet, près de la moitié d’entre eux est tout simplement non imposable. C’est-à-dire que leurs revenus les font se situer en dessous du seuil d’imposition, lequel est fixé pour 2025 à 17.436 euros, rapporte le site Mes-Allocs.fr qui s’appuie sur le contenu de la loi de finances du 14 février 2025. Cela correspond à un salaire mensuel d’environ 1 453€.
Et bonne nouvelle, la mise en place de l’abattement forfaitaire de 2.000 euros viendrait réhausser ce seuil de non imposition. D’après le Journal du Net, il atteindrait 19.500 euros, ce qui correspond à une pension de retraite mensuelle d’environ 1.625 euros nets.
Pour les retraités ayant des revenus inférieurs à 20.000 euros, l’abattement de 2.000 euros est avantageux. Prenons l’exemple d’une personne seule touchant 18.500 euros. Actuellement, il bénéficie d’un abattement de 1.850 euros, ce qui porte à 16.650 son revenu imposable. Avec la réforme, son abattement sera plus important (2.000 euros) et son revenu imposable encore plus faible (16.500 euros).
Les personnes seules touchant plus de 20.000 euros pénalisées
Cette augmentation du seuil de non imposition va donc faire des gagnants puisqu’il va faire sortir des gens de l’impôt. Selon Sylvian Duchesne, économiste à l’Institut des politiques publiques (IPP) auteur d’une note sur le sujet, la réforme ne devient pénalisante qu’au-delà du seuil de 20.000 euros de revenus pour une personne seule.
« Tous les foyers fiscaux qui ont des montants de pension inférieurs à ce seuil verront leur abattement augmenter (ils auront donc des revenus considérés comme plus bas, qui ouvrent droit à payer moins d’impôts et à percevoir plus de prestations sociales), alors que ce sera l’inverse pour les foyers fiscaux recevant plus de 20.000 euros », résume-t-il.
Illustration avec un retraité célibataire touchant une pension équivalente à 40.000 euros par an. Avec l’abattement actuel (10% de 40.000 donc 4.000), son revenu imposable est de 36.000 euros. Avec la réforme et l’abattement de 2.000 euros, ce revenu imposable montera à 38.000 euros.
Dans cette situation, la part de son revenu se situant dans la tranche marginale d’imposition de 30% sera plus importante de 2.000 euros. Ce qui se traduira par une augmentation de son impôt, de l’ordre de 600 euros (2.000 x 30%).
40.000 euros pour un couple de retraités
Pour les couples, la donne est légèrement différente. Une bonne chose pour eux est que ce nouvel abattement est cumulable pour le foyer: si deux retraités le composent, alors ils auront droit à deux abattements de 2.000 euros. Soit 4.000 euros.
Malgré tout, l’abattement actuel peut monter jusqu’à 4.399 euros. Là aussi, il y a donc un seuil à partir duquel un couple de retraités sera pénalisé. Il se situe à 40.000 euros de revenus, pour les deux membres du foyer.
Sylvain Duchesne dans sa note pour l’IPP prend l’exemple d’un couple dont les deux membres touchent 25.000 euros de pension. Soit 50.000 euros au total. Avec le système actuel, son abattement atteint le maximum, soit 4.399 euros. Soit un revenu imposable de 45.601 euros.
Avec la réforme, l’abattement est réduit à 4.000 euros (2 x 2.000), pour un revenu imposable de 46.000 euros. Ce qui se traduit, d’après les calculs de Capital, par 106 euros d’impôt sur le revenu en plus.