Tout juste installé dans son nouvel environnement à Grenoble, le deuxième ligne Tristan Labouteley (30 ans) a pris le temps d’expliquer son départ précipité de l’USAP pour le FCG, tout en se remémorant ses souvenirs inoubliables passés à Perpignan.
Comment s’est fait ce départ à Grenoble ?
Ça fait déjà depuis l’an dernier qu’on était en contact. C’est vrai que je n’avais plus trop de temps de jeu, surtout en fin de saison, donc c’était un peu frustrant, mais ça ne s’était pas fait. Et puis, finalement, ça s’est accéléré sur ces dix derniers jours. Ils m’ont appelé parce qu’ils étaient intéressés pour que je vienne (1). À la base, je voulais continuer un peu à Perpignan, voir comment ça allait se passer cette année… Mais c’est vrai qu’ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de quelqu’un immédiatement pour venir. Donc je n’ai pas réfléchi longtemps. C’est une bonne opportunité pour retrouver du temps de jeu.
Comment avez-vous géré ces derniers jours ?
C’est vrai que ça a été un peu rapide, c’est allé vite ! En plus, c’était pendant notre semaine de vacances, donc je n’avais pas trop l’occasion d’en parler avec grand monde. En sachant que, dans le même temps, il fallait que ça s’enchaîne au niveau des papiers, etc. Donc j’ai prévenu Franck (Azéma), dans un premier temps, pour lui demander s’il était d’accord pour que je puisse partir. Et, une fois que j’ai eu son feu vert, c’est vrai que ça n’a pas été évident. De partir après huit ans au club… C’est un peu particulier de partir comme ça, ça laisse un goût d’inachevé. Donc c’était un peu dur. Mais je reviendrai dans le coin.
Sentiez-vous que votre temps de jeu serait encore réduit cette saison ?
Oui, c’est sûr que l’an dernier, j’avais déjà un peu moins de temps de jeu que les années précédentes. Et puis même avec le monde que Franck a recruté cette année (Yato, Ritchie, Diaby, Le Corvec…), je me suis dit que ce serait peut-être presque pire. J’aurais voulu au moins prouver ce que je pouvais encore faire cette année à Perpignan. Parce que c’est vrai qu’après huit ans au club, on a toujours envie de prouver. Mais, en étant objectif, je sais que c’est la bonne décision de partir pour jouer.
Partir sans pouvoir dire au revoir au public catalan vous laisse-t-il des regrets ?
Oui, c’est sûr. Après, je pense que c’est assez rare maintenant d’avoir une belle sortie dans le rugby. Il y a des exceptions, mais souvent ça se finit un peu comme ça. Donc c’est vrai que je suis un peu frustré, mais je ne suis pas le seul dans ce cas-là. J’ai reçu plein de messages des supporters, ça m’a fait chaud au cœur. Ça fait du bien d’être considéré, de voir que les gens ne t’oublient pas et savent qui tu es.
Vous êtes arrivé à Perpignan à 22 ans, vous en repartez à 30 ans. Cela aura forcément marqué votre vie…
Je suis arrivé à Perpignan en Espoirs, sur la pointe des pieds… J’ai appris beaucoup de choses. C’est là où j’ai le plus appris au niveau rugby, mais même au niveau de la vie. Quand on a des attaches à Perpignan, on a toujours envie d’y revenir… L’USAP sera le club où j’aurai passé le plus de temps, je pense.
Qu’est-ce qui ressort dans les meilleurs souvenirs ?
Je pense que le premier, je ne pense pas être le seul, c’est le titre de Pro D2 2018, l’année où j’arrive à Perpignan. C’était ma première saison en professionnel. Je n’étais pas censé, je pense, jouer autant. Et puis, avec les blessures, j’ai finalement fait 28 matches (14 titularisations, NDLR). Donc j’étais déjà content d’avoir joué autant. Et, en plus, de pouvoir arriver sur un titre alors que ça faisait des années que l’USAP galérait, voir tous les supporters comme des fous à la fin du match ou même dans Perpignan derrière, je pense que c’est le meilleur souvenir de pas mal de joueurs… C’était vraiment marquant. Comme la montée trois ans après. Ou les access-matches… Ce sont souvent ces matches-là qui marquent et qui viennent concrétiser une saison.
De cette génération du titre 2018, Lucas Bachelier et Alan Brazo sont partis, vous aussi désormais… Il ne reste plus que Tom Ecochard et Seilala Lam. C’est aussi une page qui se tourne à l’USAP ?
Oui, déjà, quand Lucas et Alan sont partis, c’est vrai que ça a fait bizarre. C’est une page qui se tourne. Mais ça fait sept ans, c’est normal que ça change. Mais c’est vrai que j’en parlais avec Clément Roca, le kiné, qui me disait que ça lui faisait bizarre de voir tout le monde partir comme ça ! Mais c’est le jeu.
En parlant de 2018, vous allez retrouver Julien Farnoux (à l’USAP de 2014 à 2021)…
Il m’a bien accueilli ! Je suis allé manger chez lui ce midi (mercredi midi). Il m’a transporté parce que je n’avais pas de voiture jusqu’à maintenant. Il m’a bien accompagné. C’est cool de le retrouver aussi après quelques années sans trop se voir.
Continuerez-vous de suivre l’USAP ?
Oui, en espérant ne pas se croiser en barrage cette année (rires). Ce serait bien pour l’USAP, mais aussi pour Grenoble. Qu’on arrive à gagner une finale. Je sais que tout le monde a envie de monter et de ne pas s’embêter avec ces matches de barrage ou quoi que ce soit. Pour Perpignan, je pense que, cette année, ça va être une bonne saison.
(1) Initialement, le FC Grenoble devait recruter le Gallois des Ospreys, James Fender (24 ans), mais le transfert a capoté. Ce qui a relancé la piste Labouteley.