La capitale de l’Alaska, Juneau, vit des heures tendues depuis le début des crues glaciaires annuelles. Les autorités locales ont ordonné l’évacuation de nombreux quartiers face à une montée des eaux qui pourrait atteindre un niveau jamais enregistré, conséquence directe du réchauffement climatique selon plusieurs agences fédérales citées par The Guardian et par CNN. Les habitants situés dans les zones inondables ont reçu des alertes leur enjoignant de partir immédiatement, tandis que les équipes municipales renforcent les protections avec des barrières temporaires.
Mardi matin, l’eau a commencé à s’échapper du barrage naturel formé par le glacier Mendenhall, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville. Ce phénomène, appelé crue glaciaire, se produit lorsque l’eau de pluie et la fonte des neiges s’accumulent jusqu’à ce que la pression perce la barrière de glace. Selon les prévisions du National Weather Service (NWS), le niveau de la rivière devrait dépasser 4,87 mètres mercredi matin, un record absolu. Les autorités espèrent que les digues d’urgence récemment installées pourront contenir au moins une partie du flot et protéger la vallée de Mendenhall, où réside la majorité des 32.000 habitants de Juneau.
Des inondations régulières chaque été
Depuis 2011, ces débordements frappent chaque été la vallée de Mendenhall, provoquant parfois des destructions importantes. Les scientifiques notent que l’ampleur et la fréquence de ces événements s’intensifient, en lien direct avec le réchauffement climatique. La NOAA souligne que l’Alaska s’est réchauffé deux fois plus vite que le reste des Etats-Unis, avec une hausse moyenne de 1,7 °C sur le siècle écoulé, et que la tendance se poursuit. La fonte et le recul rapides des glaciers, amorcés à la fin des années 1980, favorisent directement ces crues soudaines et massives, qui représentent désormais un risque récurrent pour les populations riveraines.
Notre dossier sur les inondations
Pour Rick Thoman, climatologue à l’Alaska Center for Climate Assessment and Policy, sans le changement climatique, de telles crues n’auraient tout simplement pas lieu sur le Mendenhall. En août 2023, un épisode similaire avait déjà inondé des zones jusqu’alors épargnées, détruisant des habitations, endommageant des infrastructures et provoquant une érosion massive des berges. Les autorités locales considèrent désormais ces inondations comme une menace saisonnière majeure. Le glacier Mendenhall, vestige du petit âge glaciaire, recule aujourd’hui de 30 à 45 mètres par an.