Par
Enzo Legros
Publié le
14 août 2025 à 7h08
C’est un projet en plus dans un quartier en perpétuel mouvement à Toulouse. Après avoir vu la construction de nouveaux logements et la végétalisation des espaces publics, la zone du Grand Matabiau quais d’Oc est au cœur d’un programme urbain ambitieux. En créant un vaste réseau de chaleur, Toulouse Métropole souhaite chauffer les équipements publics et résidences privées du secteur de la gare Matabiau jusqu’au quartier de la Roseraie, à partir d’énergies renouvelables. Le lancement du projet se précise, une concertation publique est ouverte pour récolter les avis des riverains. Voici ce qu’il faut savoir.
Un site de production de chaleur à l’étude
Depuis le 30 juin et jusqu’au 1er octobre 2025, la préfecture de Haute-Garonne consulte en ligne les riverains sur ce projet d’ampleur, dirigé par le groupe Engie.
Une concertation a lieu jusqu’au 1er octobre pour donner son avis sur le projet de chaufferie dans l’écoquartier Grand Matabiau. (©Enzo Legros / Actu Toulouse)
Il concerne le lancement des travaux pour la création d’un réseau de chaleur de 16 kilomètres. Le chauffage sera alimenté par un site de production, utilisant diverses sources d’énergies renouvelables.
Ce bâtiment se situera avenue de l’Atlanta, tout proche du périphérique de Toulouse. Il se déploiera sur 1 837m² de surface, avec deux cheminées de 28 mètres de hauteur. Plusieurs parties composeront la base de production.
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Trois systèmes de chauffage en un
Un premier pôle contiendra une centrale géothermique d’une puissance de 9,14 Mégawatt (MW) avec pompes à chaleur. Il s’ajoutera à un autre système géothermique qui ira puiser de l’eau chauffée naturellement entre 50 et 60°C dans une nappe profonde. Un peu plus de la moitié de l’eau utilisée sera réinjecté dans la nappe une fois utilisée.
À côté, une chaufferie biomasse d’une puissance de 8,44 MW sera construite sur le site Atlanta. Elle est prévue pour la combustion de « plaquettes forestières non calibrées humides », indique l’étude d’impact du projet. Enfin, la conception d’une chaufferie au gaz est également dans les tuyaux, pour une puissance de 17 MW.
4 952 tonnes de bois brûlés par an
Le système de chauffage avec biomasse sera alimenté 3 à 4 fois par semaine, avec du bois venant d’une zone comprise dans un rayon de 100 kilomètres autour de Toulouse. Selon les prévisions, il faudra 4 952 tonnes de bois chaque année pour faire tourner la chaufferie.
Pour ce qui est de la consommation électrique du site de production, elle sera assurée par un parc de panneaux photovoltaïques installé au sol et en toiture du bâtiment.
Du chauffage pour les résidences essentiellement, avec « un prix compétitif »
Une très grande partie de la chaleur produite ou prélevée dans le sol sera envoyée dans le réseau de chaleur, qui dessert les édifices de l’écoquartier du Grand Matabiau. Selon le projet, 70 % des bâtiments chauffés seront des résidences d’habitat. En 2030, le réseau de chaleur devrait couvrir une consommation totale estimée à 55,3 GW/h par an.
Toulouse Métropole expliquait vouloir économiser au moins « 10 000 tonnes de CO2 » chaque année avec ce projet, soit l’impact carbone de 6 000 voitures.
L’autre intérêt qu’elle met en avant : la possibilité de fixer « un prix de la chaleur compétitif et stable dans la durée », avec « 96 % d’énergies locales et renouvelables ».
L’autorité environnementale valide le projet
À la demande de la préfecture de Haute-Garonne, l’Autorité environnementale (AE) a étudié le projet prévu pour 2030, pour rendre un avis sur les éventuels impacts écologiques que pourrait causer la future installation.
Elle soulève quelques points sur lesquels la Métropole devrait se pencher, comme le niveau de la nappe dans laquelle le réseau puisera de l’eau chaude. Cette source « contribue à l’alimentation en eau potable de plusieurs communes des Landes, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques et de communes à l’est de Toulouse », rappelle-t-elle.
Mais en résumé, l’Autorité environnementale donne un avis très positif sur l’empreinte carbone du projet.
Pas de danger pour les riverains malgré plusieurs pétitions
Ces dernières années, plusieurs pétitions ont été lancées pour dénoncer les possibles nuisances que pouvait causer l’arrivée des chaufferies dans l’écoquartier du Grand Matabiau. D’après l’Autorité environnementale, il n’y a rien à craindre. « L’habitation la plus proche est située à 275 mètres », note-t-elle.
Le bruit causé par les travaux d’installation des chaufferies sera bien « important », mais des mesures sont prévues pour le limiter, comme un mur anti-bruit autour de la zone de forage. Une fois terminé, le système émettra des nuisances « faibles à négligeables », estime l’AE. Même constat pour la pollution de l’air.
L’autorité environnementale « souligne le travail réalisé pour établir le bilan global des émissions de gaz à effet de serre du projet », et confirme que le réseau de chaleur divisera par 11 la pollution qu’aurait causée son absence.
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