Qui refuserait d’acheter le gardien titulaire fraîchement sacré en Ligue des champions après une campagne marquée par les arrêts aussi spectaculaires que salvateurs ? Certainement pas Manchester City car, d’après les informations de L’Équipe, Pep Guardiola aurait fait de Gianluigi Donnarumma sa cible prioritaire à quelques heures du début de saison de Premier League et les deux parties auraient déjà un accord. En quatre ans à Paris, l’Italien a subi bon nombre de critiques, mais a terminé par mettre tout le monde d’accord lors de cette épopée européenne en sortant plusieurs prestations majuscules face à Manchester City, Liverpool, Aston Villa et Arsenal. Il quitte toutefois la capitale dans le bruit des assiettes brisées, son agent déglinguant le PSG, Luis Enrique avouant qu’il est responsable de ce départ et le principal intéressé se disant « déçu et amer (que) quelqu’un a décidé qu’[il] ne pourrait plus faire partie de ce groupe et contribuer au succès de l’équipe ». Alors les Citizens se frottent les mains : ils vont pouvoir rafler la mise sans trop de contraintes, se renforcer à un poste clé et causer de sérieux problèmes à l’un de leurs meilleurs ennemis.
Ederson pas si fiable
Arrivé en 2017 en Angleterre après avoir bourlingué entre le Brésil et le Portugal, Ederson avait le profil de la pièce parfaite pour compléter le puzzle de Pep Guardiola. La saison précédente, l’Espagnol avait misé sur Claudio Bravo, capable d’attirer le pressing adverse en conservant la balle dans les pieds, mais plus friable au moment de la passe. Le Brésilien, lui, posait ses valises sans oublier sa botte gauche, celle qui lui permet d’envoyer le ballon à peu près où il veut sur le terrain, d’offrir huit passes décisives avec Manchester City, dont quatre la saison dernière, d’inscrire des tirs au but et de battre le record du monde du dégagement le plus long (75,35 mètres). « Si on me demandait de jouer dans le champ, je crois que je pourrais », s’exclamait même Ederson à son arrivée.
Comme on se retrouve ?
Mais alors, pourquoi un entraîneur si obsédé par le jeu au pied de ses gardiens et les constructions offensives depuis sa propre surface de réparation que Pep Guardiola veut-il se séparer d’Ederson pour tenter le coup Donnarumma, un joueur réputé pour ses pieds carrés ? Parce que le Brésilien n’est pas si fiable que ça sur sa ligne. Coupable de plusieurs bévues majeures ces dernières saisons, il a même vu Stefan Ortega lui chiper quelques matchs et se montrer à son avantage. Si l’Italien a été pointé du doigt pour ses passes plus souvent en touche que sur la tête de ses partenaires et ses sorties aériennes maladroites, en dépit de son mètre 96, son impact dans ses six mètres n’a jamais été remis en question.
La géopolitique du mercato
Surtout que les défauts de Gianluigi Donnarumma n’ont pas été préjudiciables pour remporter la Ligue des champions, preuve que le rôle premier du gardien est de défendre avant d’attaquer. Luis Enrique, biberonné à l’école barcelonaise, porte aussi l’idée d’avoir un dernier rempart qui doit servir de première rampe de lancement, mais a réussi à minimiser l’influence négative de « Gigio » en le déresponsabilisant sur le jeu long et mi-long. En somme, moins de passes pour éviter de les rater, ce que n’aura certainement pas de mal à faire Pep Guardiola au vu de la qualité technique de ses défenseurs centraux. De son côté, Luis Enrique a indiqué qu’il souhaitait « un profil différent » et il est vrai que Lucas Chevalier, recrue phare de l’été, est meilleur dans cette phase de jeu que son prédécesseur dans les buts parisiens, sans pour autant encore être une assurance tous risques.
En signant à Manchester City, Gianluigi Donnarumma serait évidemment une arrivée de poids, parmi les plus gros coups de l’été sur le Vieux continent. Le capitaine de la sélection italienne est estimé à 40 millions d’euros sur Transfermarkt, mais il ne possède plus qu’un an de contrat et pourrait donc filer pour un montant moins important. Les Skyblues s’étaient déjà activés à ce poste en recrutant James Trafford, contre 31 millions d’euros et une place de titulaire promise après le départ envisagé d’Ederson vers Galatasaray. Mais s’offrir le gardien vainqueur en titre de la Ligue des champions marque les esprits. Au niveau sportif, certes, mais pas seulement car, lorsqu’on évoque Manchester City et le Paris Saint-Germain, les intérêts géopolitiques entrent aussi en compte. Depuis le passage du club anglais sous pavillon émirati (2008) et le rachat du club français par Qatar Sport Investments (2011), aucun joueur n’est passé de l’un à l’autre. Le dernier à avoir traversé la Manche vers l’Hexagone est Alioune Touré, en 2002, tandis que, la même année, Sylvain Distin et Nicolas Anelka avaient quitté le PSG pour City. En cas de nouvelle confrontation entre les deux représentants du Golfe en Ligue des champions, Paris pourrait avoir une bien mauvaise surprise : le gardien à la balafre et aux bras extensibles sera difficile à passer, ou alors, il faudra lui chiper le ballon dans les pieds.
Donnarumma serait déjà d’accord avec Manchester City