Les exercices militaires conjoints entre l’Arménie et les États-Unis, baptisés « Eagle Partner », ont débuté cette semaine sur le sol arménien et se poursuivront jusqu’au 20 août. Initiée en 2023 et reconduite chaque année, cette coopération vise à préparer les forces arméniennes et américaines à des missions de maintien de la paix. L’édition 2025 met l’accent sur l’évacuation médicale.
Selon le ministère arménien de la défense, l’opération mobilise la brigade de maintien de la paix arménienne, l’armée américaine en Europe et en Afrique, ainsi que la garde nationale du Kansas. Le chef d’état-major des forces armées arméniennes, Edward Asryan, et l’ambassadrice des États-Unis à Erevan, Kristina Kvien, ont assisté à la cérémonie d’ouverture.
Pour l’analyste politique Beniamin Poghosyan, ces manœuvres ne doivent pas être surestimées :
« Nous parlons d’opérations de maintien de la paix, d’une brigade de maintien de la paix. Je dirais que ces exercices ont une signification plus politique que défensive, en termes de puissance militaire. Mais ils montrent bien que la coopération en matière de défense entre l’Arménie et les États-Unis, qui n’a pas commencé aujourd’hui et qui a une longue histoire, s’est intensifiée ces dernières années. »
Des exercices similaires se sont déjà tenus ces trois dernières années. Pour M. Poghosyan, l’édition 2025 pourrait constituer un tremplin vers une coopération militaire plus vaste : « Il est difficile de dire si cela pourrait servir de base à des exercices à plus grande échelle à l’avenir, ou à des exercices impliquant non seulement les membres de la brigade de maintien de la paix. Mais il est clair que la coopération en matière de défense entre l’Arménie et les États-Unis se poursuit, et sa poursuite laisse au moins ouverte la possibilité d’une expansion. »
La première édition d’« Eagle Partner » avait été organisée après la décision d’Erevan de ne pas participer aux exercices de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), dominée par la Russie. Depuis, Moscou critique régulièrement cette coopération, accusant Washington d’imposer ses standards militaires à l’Arménie. Le Kremlin n’a, pour l’heure, pas commenté l’édition 2025.
Selon Beniamin Poghosyan, Moscou s’abstiendra de sanctions sévères tant que trois « lignes rouges » ne sont pas franchies : « La première ligne rouge est le maintien de la base militaire russe en Arménie [stationnée à Gyumri jusqu’en 2044]. La deuxième ligne rouge est l’adhésion à l’Union économique eurasienne. La troisième ligne rouge est le retrait de jure de l’OTSC. » « Nous n’avons jamais reçu aucune indication de la part de la France que l’adhésion de jure à l’OTSC entrave la coopération. Aucune déclaration n’a été faite suggérant qu’ils vendraient plus d’armes si l’Arménie n’était pas membre. Du moins, je n’ai jamais rien entendu de tel. » Selon M. Poghosyan, il en va de même pour la coopération en matière de défense entre l’Arménie et les États-Unis : l’adhésion officielle à l’OTSC ne constitue pas un obstacle. Toutefois, elle pourrait limiter le transfert de technologies de pointe : « Aux États-Unis, il existe une distinction claire entre les groupes d’États qui peuvent bénéficier de certaines technologies de pointe. Je n’exclus pas que tant que l’Arménie restera membre de jure de l’OTSC, il puisse y avoir des problèmes liés à l’exportation de technologies spécifiques. »