Trois anciens All Blacks qui ont marqué leur époque, Muliaina, Wilson et Marshall, ont réagi à la ligue dissidente R360 qui s’apprête à bouleverser le rugby tel qu’on le connaît.

The Breakdown a sorti un nouveau numéro. Cette émission de Sky Sport, que l’on peut retrouver sur les réseaux de la fédération néo-zélandaise, s’était fait connaître, de ce côté du globe, il y a un peu plus d’un mois pour avoir regretté que le XV de France vienne avec un groupe remanié en tournée, pour affronter les All Blacks.

C’est un problème que World Rugby doit prendre à bras le corps

Ce dimanche, les débats tournaient forcément autour du Rugby Championship, qui démarre ce samedi, de l’équipe néo-zélandaise qui allait démarrer face à l’Argentine (23h10 heure française), et notamment du poste d’ouvreur, où Richie Mo’unga effectue son retour. Mais surtout, la discussion a été vive quant il a été question du R360. Cette ligue rebelle et internationale, représentée par Mike Tindall et soutenue des fonds importants, continue de menacer l’écosystème rugbystique tel qu’on le connaît.

Le R360 en bref

  • 12 franchises, basées sur trois continents au moins
  • Quelques-uns des meilleurs joueurs du monde : 140 auraient donné leur accord de principe, dont dix membres actifs de la sélection anglaise (Mail Online)
  • plusieurs semaines de compétition, entre septembre et décembre 2026 (pour la première édition).

Le R360 en détail, expliqué ici.

Ainsi, le plateau de Sky Sport s’est penché sur cette question. Mils Muliaina (100 sélections avec les Blacks de 2001 à 2011) livrait ce regard : « C’est vraiment un bouleversement dans notre sport et il semble que le projet ait les reins solides. Il y a quelques mois, on n’aurait jamais pensé que ça sortirait vraiment de terre. » De quoi poser la responsabilité de l’instance mondiale : « World Rugby va se faire du souci, les différentes compétitions aussi. Ils ont déjà recruté plusieurs joueurs. En plein pendant le Super Rugby, qu’est-ce que tout ça va donner ? Si j’étais World Rugby, je me ferais du souci. »

Jeff Wilson, arrière/ailier entre 1993 et 2001 (60 sélections), était plus catégorique : « Cela détruirait tout simplement chaque compétition à travers le monde parce qu’elles sont sur les mêmes fenêtres. On comprend qu’ils doivent jouer en même temps que le Top 14, la Japan Rugby League One et le Super Rugby. Tout à coup, des équipes entières de joueurs se retrouveront démunies. » L’impact se situe non seulement sur le chevauchement des compétitions, mais surtout sur le recrutement selon lui : « Ils cherchent de la crédibilité, c’est pourquoi ils s’attaquent aux meilleurs éléments de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud, d’Australie… C’est un problème que World Rugby doit prendre à bras le corps. C’est d’ailleurs leur plus grand défi pour prouver leur professionnalisme. »

Justin Marshall amène la comparaison au golf, quand le LIV Golf avait oeuvré de la même manière, en débauchant nombre de top golfeurs sur le plan mondial du PGA Tour, afin de les rallier au très rémunérateur projet venu d’Arabie Saoudite. « Ça va avoir un impact colossal sur le rugby international. Parce qu’il s’agit de sommes bien plus conséquentes que celles qui convainquent actuellement les Mo’unga, Barrett… Oui, ce sont des belles sommes mais ce ne sont pas celles proposées ici. Au fond, ils peuvent toujours jouer à un niveau compétitif mais ils savent qu’ils n’auront plus jamais à se soucier d’argent. » Des avis convergents qui conduisent à prendre un peu plus au sérieux ce projet novateur…