Ce nom-là fait bicher les adeptes de films de genre depuis plus de vingt ans. À 47 ans, Alexandre Jouan-Arcady, plus connu sous le nom d’Alexandre Aja, est une pointure dans son domaine.
Depuis sa révélation en 2002 avec le glaçant slasher hexagonal Haute tension , le cinéaste parisien, scénariste et producteur à ses heures, trace sa route sans se soucier des frontières et des plans de carrière, carburant principalement à ses pulsions. Un profil atypique qui lui a ouvert les portes des studios hollywoodiens, ce qui n’est pas la plus petite de ses réussites.
Une dizaine de longs-métrages au compteur
Sa filmographie, une dizaine de longs-métrages au compteur, est une exploration inégale mais passionnée, passionnante, des multiples facettes du fantastique. Ses plus belles réussites ? On l’a vu jouer avec les folklores attachés aux reflets dans Mirrors , avec Kiefer Sutherland en 2008. Oser la satire religieuse, façon comédie noire, dans Horns , en 2014, en compagnie du forcément magique Daniel Radcliffe. Se confronter au film de monstre avec aplomb et premier degré dans Crawl en 2019 – et il fallait oser, Spielberg ayant tout dit ou presque, dès 1975 dans Les Dents de la mer , sur le sujet. Heureusement, les crocodiles ont, chez Aja, les dents terriblement acérées. Et de la suite dans les idées, puisqu’un deuxième volet est annoncé…
Paradoxalement, ce sont surtout des remakes qui ont assis sa notoriété. Mais quels remakes ! Piranha 3D , résurrection d’une franchise à l’origine portée par Joe Dante et James Cameron, a imposé en 2009 l’idée d’une épouvante fun, gore et drôle à l’écran, dynamitant les codes avec un joyeux esprit sale gosse qui a marqué son temps. La Colline a des yeux , sa réinterprétation en 2006 d’un classique du défunt boss Wes Craven ( Freddy , Scream …), se paye le luxe d’être non seulement plus abouti que son modèle, mais aussi bien plus terrifiant. Au menu du cauchemar, des rednecks affamés, des zones militaires irradiées, une campagne américaine violemment hostile à toute forme de vie civilisée. Un joli programme pour un reboot délicieusement dégénéré.
En attendant Cobra ?
Aja, c’est tout cela, un amour sincère pour le fantastique, une boulimie de cinéma et des rêves de gosse plein l’escarcelle. Et puis il y a les mangas. Pas pour rien qu’on sait le réalisateur attaché à donner vie un jour ou l’autre à un projet fou, une adaptation de Cobra , le manga culte de Buichi Terasawa. Quinze ans, déjà, que le Parisien en rêve, et sa venue à Strasbourg sera peut-être l’occasion d’en savoir davantage en sa compagnie. Entre ados des années 1990 fans du personnage, inspiré d’un certain Jean-Paul Belmondo…
Rétrospective, master-classe…
Alexandre Aja sera évidemment dignement fêté à Strasbourg. Membre du jury de la compétition, il recevra un prix d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture du Feffs le vendredi 26 septembre et, tradition oblige, donnera une master-classe le dimanche 28 autour de son slasher hexagonal, Haute Tension. Le festival lui offrira également une carte blanche de deux longs-métrages et lui consacrera une rétrospective où prendront leurs aises les œuvres les plus emblématiques de sa carrière, jusqu’au récent Mother Land , porté par Halle Berry, maman surprotectrice dans une forêt pas franchement enchantée. On se retrouve au ciné ?
Festival européen du film fantastique de Strasbourg, du 26 septembre au 5 octobre dans les salles strasbourgeoises. Infos http://www.strasbourgfestival.com/