La validation par le conseil constitutionnel, jeudi 7 août, des simplifications administratives accordées aux plus gros élevages ainsi qu’à la construction d’ouvrages de stockage d’eau à finalité agricole inscrites dans la loi Duplomb, fait partie des satisfactions de la FNSEA. « Elle est le fruit de nos mobilisations », savoure Gérard Lorber, président de la FDSEA 67.
Mais la censure de la disposition qui prévoyait la réintroduction de l’acétamipride est « injuste et grave pour l’avenir de la ferme France ». L’interdiction d’utiliser cette molécule en France, alors qu’elle est autorisée jusqu’en 2033 par les agriculteurs des 26 autres pays européens augmentera les importations et réduira notre souveraineté alimentaire, préviennent les représentants de la FDSEA et des JA 67. « C’est incohérent. Une douzaine de filières agricoles, sucre, noisette, pommes, poires… sont menacées par cette compétitivité dégradée. Et ces filières ne pourront pas être remises en route en quelques années si elles sont perdues », assure Dominique Daul, vice-président de la FDSEA 67.
« L’acétamipride est un symbole qui révèle les incohérences de l’État »
Déjà en 10 ans, « les exportations de pommes sont passées de 700 000 à 300 000 tonnes, tandis que les importations progressaient de 100 000 à 250 000 tonnes », indique Thomas Lux, président des Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin, avant d’évoquer « la situation préoccupante des agriculteurs bio impactés par une crise de la consommation ». Depuis la guerre en Ukraine, « les aliments d’importation à bas prix, transformés sans pouvoir en tracer l’origine sont privilégiés par les consommateurs qui n’ont pas les moyens de se payer des légumes 30 % plus chers », poursuit Frank Sander, vice-président de la FNSEA et président de la Confédération générale des planteurs de betterave.
Sans un étiquetage suffisamment explicite « les consommateurs vont se retourner vers des produits d’importation traités avec des produits interdits en France », redoute Laurent Fisher, secrétaire général de la FDSEA 67. « L’acétamipride est un symbole qui révèle les incohérences de l’État », explique Gérard Lorber qui demande à l’État français « d’aller au bout de sa logique », en indemnisant les agriculteurs français qui ne peuvent pas produire à perte et en interdisant à la vente tous les aliments produits avec de l’acétamipride. Une campagne nationale de la FNSEA.
Vérifications mercredi 20 août
Sans plus attendre, la FDSEA et les JA 67 ont écrit jeudi 14 août aux enseignes de la grande distribution pour leur demander de retirer de leurs rayons toute une liste d’aliments produits avec de l’acétamipride. Des produits dont l’origine France n’est pas mentionnée, allant des pâtes à tartiner, biscuits contenant de la noisette, aux poires, kiwis, en passant par les insecticides. Des groupes d’agriculteurs passeront dans les commerces mercredi 20 août pour s’assurer que ces produits ne sont plus proposés à la vente. À défaut, ils se chargeront eux-mêmes « des déréférencements », prévient la FDSEA, en remplissant des chariots et en faisant de l’étiquetage pour informer les consommateurs. Dont les « deux millions de signataires de la pétition contre la loi Duplomb qui consomment au quotidien des aliments produits avec de l’acétamipride ».