LE MATCH DES TUBES (30/40) – À cinquante ans d’écart, deux des plus grands compositeurs français déclarent leur amour pour les Jeanne.

Depuis quelques années, Jeanne revient à la mode et de plus en plus de bébés s’appellent ainsi – 25e prénom le plus donné. On fait référence évidemment à Jeanne d’Arc, la libératrice de la France au XVe siècle. La chanson française célèbre ce prénom. Georges Brassens, en 1962, rendait hommage à celle qui l’avait hébergé pendant la guerre – la femme de l’Auvergnat. Un an plus tard, Gilbert Bécaud racontait les aventures des « Tantes Jeanne » tandis qu’en 2011 Laurent Voulzy, en couple désormais avec Isaure, livrait un tube « Jeanne » qui envahissait les radios. C’est notre 30e duel au soleil.

Star des années 1950 et 1960, Gilbert Bécaud n’a pas son pareil pour raconter des histoires qui nous font rire. Avec une mélodie très légère et jazzy – un piano sursautant -, M. 100.000 volts s’appuie sur le texte de Maurice Vidalin pour évoquer un oncle séducteur qui ramenait ses « Tantes Jeanne ». « Les madames qui venaient voir notre oncle après dîner, on les appelait tante Jeanne. Ce n’étaient jamais les mêmes mais on les aimait quand même. » Par bienséance, les maîtresses sont affublées de ce petit sobriquet, sorte de nom de code, mais qui ne trompe personne. « Nous, quand on nous demandait combien de tantes on avait. On disait qu’on ne savait pas (…) En échange on promettait bien de ne rien dire à grand-papa. »

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Le temps passe, le tonton a vieilli et a perdu la mémoire. « On réveille les tantes Jeanne alors il est tout content. Il retrouve le bon temps, le bon temps des chères Jeanne. » Avec sa voix et son air gai, Bécaud nous amuse et, surtout, popularise cette expression, meilleur moyen de dissimuler, sans que ça ne trompe personne à part les « tantes Jeanne », les mauvaises manières des Don Juan. Le succès est là et c’est un nouveau classique pour l’interprète d’« Et maintenant ! »

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Voulzy évite la polémique

En 2011, Laurent Voulzy n’a pas sorti de titres inédits depuis dix ans. Son retour médiéval sera triomphal. Avec son complice de toujours, Alain Souchon, ils écrivent et composent une ode à Jeanne d’Arc, une figure qui reste très populaire chez les Français, même si, politiquement, elle divise. « Jeanne, enfin je vais vous dire combien je soupire. Vous êtes si loin, si loin d’ici des siècles nous séparent et mon cœur s’égare. Un amour subtil l’a pris. »

Le héros de la chanson souhaite entrer en contact avec la pucelle d’Orléans et choisit le songe, comme l’a révélé l’artiste à Historia. « Jeanne, j’aurais aimé vous plaire et je désespère de venir un soir à vos genoux. Vous n’êtes qu’une image perdue dans les âges et moi dans l’amour de vous. » En bref, cet éternel amoureux a le cœur grenadine pour la pucelle. La mélodie navigue entre onirisme, spiritualité et pop envoûtante que Voulzy sublimera en l’interprétant dans des églises. « Jeanne » est un tube et ne suscite, malgré son sujet, aucune véritable polémique.

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Si le titre de Laurent Voulzy est une chanson sucrée comme il en a composé tant et avec un texte plus imagé et profond, la légèreté et la malice de Gilbert Bécaud emporte tout. On a envie de rencontrer ce fameux tonton et rencontrer ces « Tantes Jeanne ». Avant de passer claquer la bise « Nathalie » !