On doit à Syd Barrett le nom de Pink Floyd mais aussi celui d’un autre collectif définitivement associé au groupe britannique : Hipgnosis. C’est d’ailleurs le mot – même s’il niera en être l’auteur – qu’a inscrit le chanteur, guitariste et peintre sur la porte du logement londonien qu’il partage, dans le quartier de South Kensington, avec deux camarades connus à Cambridge et qui s’apprêtent, en 1967, à créer leur studio d’art graphique.
Le premier de ces colocataires, avec lequel Barrett a découvert le LSD deux ans plus tôt, se nomme Storm Thorgerson. Ce fort en gueule a ambitionné de devenir cinéaste en étudiant l’audiovisuel ; il est finalement devenu agitateur d’idées. Son associé, Aubrey Powell, formé à la London School of Film Technique, a été assistant pour des séries télévisées de la BBC. Leur première œuvre commune, lorsqu’ils ouvrent leur bureau sur Denmark Street, la rue des éditeurs de musique, sera donc ce mot-valise, Hipgnosis, qui en embarque trois d’un coup : Hip (« branché »), gnosis (« gnose »), à une époque où la connaissance de l’âme humaine passe par des voies ésotériques, et hypnosis (« hypnose »), soit modifier l’état de conscience pour développer les capacités de l’imagination.
La pochette que conçoit Hipgnosis huit ans plus tard pour son plus célèbre client, Pink Floyd, est à ce titre exemplaire. Pour commencer, la photographie contredit le titre de l’album, Wish You Were Here (« Si seulement tu étais là »), puisqu’elle montre une rencontre entre deux anonymes en costume sur une voie déserte. Les créateurs d’Hipgnosis ont profité d’une tournée aux Etats-Unis, en avril 1975, pour accompagner les quatre musiciens. La séance a été organisée aux Burbank Studios, au nord de Los Angeles. Storm Thorgerson, l’homme des concepts, cherchait des lieux irréels et, selon lui, « rien n’est plus artificiel qu’un studio de cinéma ».
Il vous reste 83.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.