Dans son petit appartement de la Closerie, qu’elle a arrangé avec goût, Olena Klymenko nous accueille avec un grand sourire. Et un verre d’eau bien fraîche, pas de refus par cette chaleur étouffante. L’Ukrainienne de 56 ans s’excuse de son français hésitant. Il n’y a pourtant vraiment pas de quoi, tant elle se débrouille bien.
Olena est en France depuis trois ans et demi. Elle a quitté son pays en catastrophe en mars 2022. Quelques jours seulement après le début du terrible conflit avec la Russie, et sans savoir quand elle y remettrait les pieds. Un déchirement pour cette maman de six garçons, qui a dû laisser trois d’entre eux à Kiev, « parce que les hommes majeurs n’ont pas le droit de passer la frontière « , explique-t-elle. Elle a donc pris le bus avec Foma, Luka et Anastasii, 17, 15 et 13 ans à l’époque, direction la Tchéquie. Avec eux également, Maxim, 14 ans, « que j’ai adopté parce qu’il ne pouvait pas rester avec ses parents « .
« Ce sont comme des anges pour moi »
Tous les cinq sont alors transférés dans le Var. À Solliès-Pont, puis au Pradet, avant d’être accueillis à Saint-Cyr « par une famille française incroyable, s’illumine Olena. Des gens très, très gentils. La dame m’a amenée partout: au marché, au restaurant, chez le docteur… On parlait anglais au départ, mais très vite, elle nous a appris les premières notions de français. Quand on allait nager, elle me faisait répéter l’alphabet, les chiffres… Je n’ai pas eu le temps de pleurer quand les nouvelles étaient mauvaises tellement ils s’occupaient de nous. Ils sont comme des anges, pour moi. «
Le manque de Gabriel, Deny et Nikola, ses aînés, « et de mes deux petites-filles « , l’inquiétude, la peur « pour leur santé, pour leur sécurité « , ne sont malgré tout jamais bien loin. « Un jour, un morceau de drone est tombé sur la voiture de mon fils, juste à côté de leur maison, dans laquelle ils étaient « , raconte-t-elle.
Et puis c’est un autre sacré souci qui frappe la réfugiée ukrainienne. « Un problème de santé « , glisse-t-elle doucement. Un cancer du côlon, qui nécessite douze séances de chimiothérapie et deux opérations.
« Mes fils veulent rester en France »
Olena est aujourd’hui en rémission, « même si je fais des contrôles tous les trois mois à l’institut Paoli-Calmette, à Marseille « . Elle ne regarde jamais les informations, en revanche, « parce que ça m’angoisse et que ça peut faire revenir la maladie. Mais parfois, je vois les explosions et je pleure. «
La guerre qui déchire sa famille et son cœur, elle n’en voit pas le bout. Pense que « ça va durer longtemps, très longtemps « . Et si la situation venait à s’améliorer, Olena ne sait pas trop ce qu’elle ferait. Tiraillée. « J’imagine que j’aurai envie de rentrer, mais mes fils veulent rester en France, livre-t-elle. Et puis je me suis habituée à être ici, et eux aussi. «
Depuis un an et demi, la maman et ses garçons ont quitté leur famille d’accueil de Saint-Cyr, de qui ils sont restés « très proches « , pour emménager dans un logement social, à la Closerie, donc. Olena donne dorénavant des cours de peinture à l’église orthodoxe, à Siblas. Elle y dirige la chorale, « tous les dimanches « . Elle fait de la gym avec ses fils « trois à quatre fois par semaine « . Est aussi très souvent invitée à manger chez des amis. Parfaitement intégrée. « J’essaie de vivre avec optimisme « , pose-t-elle calmement.
Sur la table, l’ordinateur est ouvert. La prochaine visio n’est pas loin. Lien virtuel mais essentiel, quand la moitié de sa tribu est sous les bombes.
Cours de peinture à l’église orthodoxe
Diplômée de l’université de Kiev en 1993, Olena Klymenko est créatrice de mode de métier, mais aussi artiste-peintre. Elle participe d’ailleurs souvent à des expositions d’art dans différents pays, avec ses œuvres joyeuses, originales et pleines d’humour, elle qui réalise des tableaux comme s’ils étaient vus de dessus. Elle utilise de l’huile, de l’acrylique, de l’aquarelle, des crayons, et d’autres matériaux, et peint avec des outils tout aussi diversifiés.
Tous les samedis, donc, depuis un an tout pile, Olena dispense son savoir-faire à la petite église de la Sainte-Résurrection, à Siblas. Trois heures de cours « en plein air », peinture, chevalet, toile et matériaux fournis, et vous rentrez chez vous avec votre tableau.
N’oubliez pas de réserver, il n’y a que huit places chaque semaine!
Pratique Le samedi de 9h à 12h, à l’église de la Sainte-Résurrection, impasse François-Marcel. 25 euros. Réservations obligatoires via Instagram (@klimenko3131) ou Facebook (Olena Klymenko)