Emblématique de l’Ariège, de nombreux automobilistes, habitués et touristes, empruntent la spectaculaire route traversant la grotte du Mas-d’Azil. Les vidéos inondent les réseaux sociaux et nourrissent sa notoriété dans le monde entier. Les scientifiques alertent quant au déclin du nombre de chiroptères qui l’occupent.

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C’est une route devenue mythique, longue de 420 mètres : celle qui traverse la grotte du Mas-d’Azil en Ariège. Unique en Europe, elle fascine les locaux lors de leurs trajets quotidiens, comme les touristes du monde entier.

Cette grotte, creusée naturellement par la rivière Arize, servait d’abri pour les hommes préhistoriques. Elle révèle un trésor archéologique datant du paléolithique et du mésolithique, avec notamment la découverte d’outils, d’armes, d’objets d’art et de gravures… L’émerveillement devant ce bijou d’histoire est justifié. Ce site Natura 2000 est classé Monument historique depuis 1942.

La route a été construite au 19e siècle, en 1857. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, des vidéos de la traversée en voiture ou à moto s’accumulent, enregistrant des milliers de vues.

Mais cette notoriété mondiale a des effets néfastes, notamment sur les habitants de la grotte : les chauves-souris.

« Ça implique forcément une nuisance sonore et surtout une pollution de l’air dans un endroit clos, qui peuvent avoir des impacts sur la présence des chauves-souris, sur l’état du karst et sur les vestiges archéologiques », s’inquiète Lilian Hacquin, chargé de mission expertise faune à l’ANA-CEN, Conservatoire d’espaces naturels en Ariège.

Et pour cause, la population qui avoisinait les 4.000 bêtes dans les années 80 connaît un réel déclin depuis une dizaine d’années : aujourd’hui, on en compte un millier maximum. « Nous sommes persuadés que l’aménagement de la grotte n’a pas fait du bien aux populations de chauves-souris. C’est un site vitrine, je comprends son attrait pour le tourisme, mais c’était probablement des questions qu’on ne s’était pas posées à l’époque », songe Lilan Hacquin.

« Il faudrait s’y pencher sérieusement et réaliser un vrai diagnostic microclimatique sur la population de chauves-souris de cette cavité, installer des capteurs d’air et pourquoi envisager de détourner une partie du flux routier… »

 

Ce mercredi 13 août 2025, suite à des infractions à la sécurité routière dans la traversée de la grotte, une opération de sécurité routière était organisée. « Nous voulons mettre un coup d’arrêt au phénomène de mise en scène de personnes, notamment des motards, en excès de vitesse et ayant une conduite dangereuse », déclare Catherine Lupion, sous-préfète de l’arrondissement de Saint-Girons.

« La traversée de la grotte en respectant la vitesse de 30 km/h et en limitant le bruit des moteurs et des klaxons est la meilleure façon de profiter de la beauté du lieu, tout en respectant les biodiversités, les visiteurs et les personnes travaillant sur ce site d’exception », alerte la préfecture de l’Ariège.

Le département observerait une augmentation de 9% des accidents routiers sur les six premiers mois de l’année.