L’utilisation d’outils de technologie de surveillance (suptech) dans la surveillance de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (AML/CFT) évolue, mais reste dans une phase de formation, a conclu l’Autorité bancaire européenne dans son rapport le 12 août 2025. L’analyse de l’autorité de régulation a révélé que 47% des outils ou projets suptech identifiés étaient déjà en production, 38% étaient en cours de développement et 15% restaient à des stades exploratoires. Malgré une adoption croissante, la plupart des autorités nationales compétentes en étaient encore au début de la mise en œuvre ou n’avaient pas encore commencé à utiliser cette technologie, soulignant le rythme inégal de l’innovation dans l’ensemble de l’Union.
Nouveau cadre de lutte contre le blanchiment d’argent
Le rapport souligne le changement institutionnel important que représente le nouveau cadre européen de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, notamment la création de l’Autorité de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Amla), qui centralisera la coordination de la surveillance. Cette évolution offre une occasion unique de réévaluer et d’améliorer les modèles de surveillance grâce à la technologie. Selon l’ABE, tirer parti de l’intelligence artificielle, de la blockchain et de la génération de données synthétiques peut améliorer les évaluations des risques, l’efficacité opérationnelle et favoriser une plus grande coopération entre les autorités à travers les États membres.
Défis juridiques et opérationnels
Bien que les Autorités de la concurrence aient fait état de gains tangibles tels que l’amélioration de la qualité des données, le renforcement de la collaboration et l’identification plus efficace des risques, le rapport identifie plusieurs obstacles qui ralentissent les progrès. Les incertitudes juridiques concernant l’utilisation des données, les limitations des ressources et les défis en matière de gouvernance des données ont entravé l’intégration généralisée de suptech. L’ABE a souligné qu’il était essentiel de résoudre ces problèmes pour permettre une supervision sur mesure, basée sur le risque et évolutive, alignée sur les réalités opérationnelles.
L’ABE a souligné que les solutions technologiques «uniques» risquaient d’être inefficaces, préconisant plutôt des outils suptech personnalisés en fonction des mandats de supervision spécifiques et des conditions locales. L’autorité de régulation a également mis en garde contre la diversité actuelle des approches nationales, qui risque d’entraîner des doubles emplois et de faire rater des occasions. Elle recommande de renforcer la coopération transfrontalière grâce à l’interopérabilité des données, à des garanties strictes en matière de protection des données et à un meilleur échange de connaissances entre les experts des technologies de l’information, de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la protection des données.
Perspectives
L’ABE prévoit que l’intégration réussie de la suptech sera essentielle pour suivre le rythme de l’évolution des risques liés à la criminalité financière. Avec les avancées technologiques, les stratégies de supervision et les cadres réglementaires doivent s’adapter afin que l’Union européenne reste un leader mondial en matière de AML/CFT. Les priorités, bonnes pratiques et enseignements du rapport tracent une feuille de route pour le déploiement continu de la suptech, soulignant que l’innovation technologique n’est plus une option mais une nécessité pour une supervision efficace.
Cet article a été rédigé initialement traduit et édité pour le site de Paperjam en français.