elon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’isolement social augmente de 50 % le risque de troubles anxieux et dépressifs. © Adobe Stock
On s’était préparés à l’idée d’un raz-de-marée mental post-pandémie. Trois ans d’angoisses sanitaires, de confinements, d’isolement, de pénuries de farine et de discours anxiogènes… On imaginait un pays sous anxiolytiques, durablement traumatisé. Et pourtant, surprise ! Les troubles anxieux en France n’ont pas explosé durablement depuis le Covid.
C’est ce que révèle une étude publiée le 22 juillet 2025 par Santé publique France, basée sur des enquêtes de terrain menées entre 2017 et 2021. L’organisme a mesuré la fréquence des symptômes anxieux dans la population adulte française, via un questionnaire validé de 7 items. Et les résultats sont limpides : les troubles anxieux sont restés stables avant et après la pandémie.
L’anxiété n’a pas surfé sur la vague du Covid Des chiffres qui remettent les pendules à l’heure
L’étude montre que 12,5 % des personnes interrogées en 2021 déclaraient des signes d’anxiété. Un chiffre quasi identique à celui de 2017, bien avant que le mot “Covid” ne s’invite dans notre vocabulaire.
Autrement dit, pas d’augmentation durable, malgré le tsunami émotionnel des premières vagues de l’épidémie. Oui, on a tous eu peur. Oui, les sirènes de 20h, les attestations, les files devant les supermarchés ont fait grimper l’angoisse.
Mais ce stress semble avoir été temporaire, une sorte de réflexe de survie collectif… et non un basculement vers l’anxiété chronique. Ces hausses d’anxiété observées en 2020 semblent transitoires. Les données de 2021 ne confirment pas une tendance durable à la hausse selon Santé publique France.
Dépression et anxiété : deux courbes bien différentes
Attention cependant à ne pas tout confondre : si l’anxiété est restée stable, ce n’est pas le cas de la dépression. Là, les chiffres sont formels : la prévalence des épisodes dépressifs a grimpé de 7,5 % en 2017 à 10 % en 2021. Un vrai signal d’alerte pour la santé mentale en France. Cette divergence interroge. Pourquoi la dépression progresse, alors que l’anxiété stagne ? Les chercheurs avancent plusieurs pistes :
Des facteurs qui nourrissent une tristesse durable, plutôt qu’une angoisse aiguë.
Troubles anxieux : des inégalités très marquées Anxiété : pas tous logés à la même enseigne
L’étude souligne aussi des disparités sociales inquiétantes :
- L’anxiété touche davantage les personnes en difficulté financière,
- Et celles ayant un niveau d’éducation plus faible.
En d’autres termes : plus on cumule les vulnérabilités sociales, plus le risque d’anxiété augmente. Cette inégalité face à la santé mentale est un vrai enjeu de santé publique. Et elle rappelle que l’anxiété n’est pas qu’un sentiment, c’est aussi un révélateur social.
Les femmes plus concernées que les hommes
Autre constat marquant, confirmé par les données de Santé publique France : les femmes sont plus touchées que les hommes.
En 2021, 15 % des femmes déclaraient des symptômes anxieux, contre 10 % des hommes. Cette différence s’explique en partie par une exposition accrue des femmes aux précarités économiques, aux responsabilités familiales, mais aussi aux violences conjugales, dont les signalements ont explosé pendant les confinements.
À SAVOIR
L’anxiété, c’est aussi une affaire d’âge. Selon Santé publique France, elle est plus fréquente chez les jeunes adultes (18-24 ans) que chez les seniors. En 2021, près de 20 % des 18-24 ans déclaraient des symptômes anxieux, contre moins de 10 % après 65 ans.
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