« C’est ahurissant, cette p… de fermeture estivale ! » Cette Béglaise qui aurait bien aimé se rafraîchir dans le joli bassin Art déco de la ville en cette semaine éprouvante, en sera quitte pour aller à la piscine Judaïque, à Bordeaux, à une grosse demi-heure en bus. Quand le thermomètre s’affole, ils sont nombreux à s’agacer de ne pouvoir compter « que » sur la plage de l’ancienne gravière, certes bien pratique mais dont tout le monde ne goûte pas la foule sur le sable, les algues ou juste l’impossibilité d’y nager vraiment.
De quoi jalouser les communes voisines qui ont toutes un bassin neuf ou assez récent, alors que le plan piscines de la Métropole touche à sa fin et que le projet de l’UCPA à Paludate tarde à venir. À Bègles, la rénovation des Bains date de 2006, avec ce dispositif « écologique » : un « solarium » chauffe le tout. Sauf que vingt ans plus tard, les épisodes de canicule se multiplient et s’allongent, et font de la piscine « une étuve », résume Florian Darcos, l’élu délégué au développement des sports.
Conditions de travail
« Cette piscine a été rénovée comme une piscine d’hiver et n’a pas été conçue pour être utilisée l’été », précise l’élu, évacuant l’idée d’une « erreur » de conception. En 2004, la Ville a aménagé Bègles plage, l’une des premières baignades citadines du pays, complément estival des Bains. Le bassin a finalement ouvert durant deux étés, en 2021 (avec restrictions sanitaires liées au Covid) et 2022, mais les « conditions de travail ont été trop pénibles pour les surveillants » et les factures énergétiques ont flambé en 2023, comme partout.
« Il y fait trop chaud, l’eau ne serait même pas rafraîchissante »
Le maire a donc remisé ce qui était pourtant une promesse de sa campagne de 2020. Les Bains pourraient-ils rouvrir au moins quelques jours, quand on frôle les 42 °C ? « Vraiment pas possible, il y fait trop chaud, l’eau ne serait même pas rafraîchissante », insiste l’élu. La demande est là, mais non sans manque à gagner au guichet : en juillet-août 2022, la mairie avait compté environ 7 500 entrées sur deux mois, contre entre 4 000 et 8 000 entrées par mois durant le reste de l’année. La plage, c’est entre 500 et 800 baigneurs par jour (1).
Qualité de l’eau à la plage
Et adapter la piscine coûterait cher. Rien qu’en 2024, 450 000 euros ont été nécessaires pour moderniser l’équipement (traitement de l’air, éclairage subaquatique, installation photovoltaïque, etc.), sans régler le hic estival. La piscine ne s’ouvrant même pas suffisamment pour faire des courants d’air, rien que « refaire les huisseries coûterait 200 000 euros », indique Florian Darcos, entre autres investissements. « C’est colossal. »
Sans parler du coût et des difficultés pour recruter une double équipe de maîtres-nageurs sauveteurs, avec la concurrence des plages océanes. En revanche, fermer l’été fait économiser « 150 000 euros » à la Ville, sur fond de ponctions de l’État qui ont représenté « 500 000 euros ». Il faudra donc aller faire ses longueurs ailleurs (Talence, par exemple) ou barboter à Bègles plage, surveillée jusqu’à 20 heures en ces jours caniculaires : « On ne laisse pas les Béglais sans solution de fraîcheur. » La mairie continue d’aménager le site, y développe des activités gratuites « pour tous » et veille sur la qualité de l’eau.
(1) Pour un millier de personnes, toutes activités confondues.