Remercié par McLaren fin 2022, ayant réintégré le giron Red Bull pour remplacer Nyck de Vries à la mi-saison 2023, Daniel Ricciardo avait calé pour son nouveau départ. Lors de son troisième Grand Prix avec AlphaTauri, durant la deuxième séance d’Essais Libres, l’Australien s’était encastré dans le troisième virage du circuit de Zandvoort. « Honey Badger », voulant esquiver Oscar Piastri (qui l’avait remplacé au volant de la monoplace papaye), était resté agrippé à son volant au moment de l’impact, lui fracturant le métacarpien de la main gauche. Lui-même remplacé de ce fait par Liam Lawson sur les cinq Grands Prix suivants, Daniel Ricciardo lui laissera définitivement son baquet à l’issue du Grand Prix de Singapour en 2024. Une fin de carrière maussade, d’autant plus pour un pilote connu pour son sourire permanent.

L’accident de Ricciardo, qui aura en partie mené à la fin de carrière de l’Australien, n’est pas un cas isolé en sport automobile. Ce type d’incident a notamment était observé en Formule E. D’abord pendant la manche inaugurale de la saison 9 (2022-2023) au Mexique, lorsque Robin Frijns s’était fracturé le poignet gauche au volant de son ABT Cupra lors d’un contact avec le Français Norman Nato. Le Néerlandais n’avait pas pu participer aux quatre rendez-vous suivants, remplacé par Kelvin van der Linde. Idem pour Sam Bird à Monaco en 2024, remplacé par son futur coéquipier Taylor Barnard pour trois manches après s’être fracturé la main en Essais Libres 1. Comme pour Nyck de Vries à Monza en 2022 ou Oliver Bearman à Djeddah en 2024, une bonne pige peut être la clé d’un contrat de titulaire, au détriment des pilotes blessés.

La Formule E intègre un amortisseur de direction à ses monoplaces pour empêcher ces accidents

Pour éviter que ce genre d’accidents ne se reproduisent, la Formule E a ajouté une innovation aux monoplaces. « Il a été découvert que lors de collisions frontales, le volant tournait jusqu’à dix fois plus rapidement que prévu, ce qui a été la source d’une série de propositions de solutions, allant de la modification de la forme du volant à l’ajout de mousse à l’intérieur du cockpit, en passant par la refonte de l’aileron avant afin de mieux protéger les roues avant, révèle le rapport de la FIA. Toutes ces innovations ont incontestablement contribué à améliorer la sécurité des véhicules, mais la véritable avancée a été réalisée grâce à un amortisseur de direction, absorbant l’énergie de l’impact et réduisant la vitesse de rotation de 40% dans ce cas de figure. Aucun accident similaire n’a été enregistré depuis son introduction. »

« Je constatais qu’on avait observé ces fractures qui ne sont pas habituelles. Je suis médecin dans le sport automobile depuis plus de 20 ans, donc je connais très bien les pilotes. Après leurs retours sur les sensations dans la voiture qu’ils me décrivaient, je suis allé dire au département de la sécurité : ‘Il faut que l’on fasse quelque chose.’ », détaille le Français Bruno Franceschini, délégué médical en Formule E de la FIA depuis plus d’une décennie. « C’était un défi important, car il fallait surtout comprendre quand et pourquoi ces incidents avaient lieu », ajoute Xavier Mestelan Pinon, directeur technique et responsable de la sécurité à la FIA. « Nous souhaitions que la solution soit transparente pour les pilotes, et ne demande pas plus d’effort pour piloter la voiture », précise enfin Nuno Costa, directeur de la sécurité de la FIA.

Depuis les essais de présaison de l’exercice 2024-2025, toutes les Formule E sont équipées de cet amortisseur de direction. Il absorbe l’énergie provenant de la crémaillère, qui s’étend entre les roues, perpendiculairement à la colonne de direction. « La collision est si rapide qu’un système d’amortissement actif ne sera jamais assez réactif », indique Pierre Prunin, directeur du sport automobile chez Spark, le concepteur cette pièce. « Il était primordial de s’assurer que l’amortisseur ne fonctionne pas lorsque le pilote tourne brusquement le volant pour corriger du survirage. Vous n’avez aucun amortissement à basse vitesse, et lorsque vous atteignez une certaine vitesse, l’amortisseur s’active. Nous devions nous assurer que ce seuil d’atténuation se produise après le mouvement des pilotes. »

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