« Je ne sais pas pourquoi j’ai allumé ces feux, ni pourquoi j’ai appelé les pompiers après », indique timidement ce jeune Girondin devant le tribunal correctionnel de Bordeaux ce jeudi 14 août. Cet homme qui n’aura 20 ans qu’à l’automne est poursuivi en tant qu’auteur présumé de sept incendies ayant notamment détruit deux voitures et un local de poubelles, le soir du 15 juillet à Mérignac.
Des faits dont il a été identifié comme le responsable grâce à des caméras de vidéosurveillance. Il a lui-même reconnu les avoir commis après son interpellation mardi 12 août. Il le fait à nouveau en comparution. Il avait déjà été condamné à une peine avec sursis en novembre 2024 pour avoir incendié un appartement à Libourne.
Le profil psychologique du prévenu est compliqué. Il n’a jamais connu son père, et sa mère l’a abandonné à sa naissance. Il a été placé en famille d’accueil jusqu’à l’âge de 14 ans, puis dans des établissements spécialisés. Il ne sait ni lire ni écrire. L’expertise psychologique a souligné ses limites psycho-intellectuelles, mais elle n’a pas relevé d’altération du jugement. Il est placé sous tutelle et il perçoit l’allocation aux adultes handicapés. Tandis que ses proches le décrivent comme potentiellement dangereux.
« Ses tendances pyromaniaques sont d’autant plus dangereuses qu’il reste indifférent aux conséquences qu’elles entraînent »
Comparant alors qu’il est détenu, il reste muet quand on évoque les dommages qu’il a causés ce soir du 15 juillet : un local de poubelles entièrement détruit dans une résidence, une voiture calcinée, dont la propriétaire ne sera pas indemnisée puisqu’elle ne l’avait assurée qu’au tiers. Il est tout aussi laconique quand on évoque sa compagne, enceinte de quatre mois, et ses futures responsabilités de père. « Je vais arrêter de faire des bêtises », lâche-t-il seulement.
« Il avait trouvé ça ‘‘drôle’’»
La procureure Ethel Blans en doute : « Ce jeune homme cumule les infractions de façon inquiétante. Ses tendances pyromaniaques sont d’autant plus dangereuses qu’il reste indifférent aux conséquences qu’elles entraînent. Quand on lui a demandé pourquoi il avait allumé ces feux, il a juste répondu qu’il avait trouvé ça ‘‘drôle’’. »
Intervenant pour la défense, Me Florence Herbold cite le philosophe Gaston Bachelard pour avancer une explication : « Le feu, c’est ce qui donne de la puissance et qui protège. On le relie psychologiquement à la figure du père. Dans son cas, c’est sans doute un moyen de répondre aux souffrances qu’il éprouve et qu’il n’a pas les moyens de guérir lui-même. Quelle que soit la peine qui sera prononcée, il faut surtout lui apporter des soins pour lui permettre de se réinsérer. »
Une vision que le tribunal n’a pas partagée. Le jeune homme a été condamné à trois ans de prison avec maintien en détention et révocation d’un précédent sursis de quatre mois, et avec l’interdiction de détenir une arme. Les victimes, elles, percevront un total de 25 000 euros de dommages et intérêts. Mais aucune obligation de soins n’a été prononcée.