(BFM Bourse) – Berkshire Hathaway, la société d’investissement du célèbre financier, a acquis pour cinq millions de titres de la société de santé américaine, selon des documents boursiers. En difficulté depuis plusieurs mois, Unitedhealth prend plus de 12% en préouverture à Wall Street ce vendredi.
Warren Buffett a-t-il signé un dernier grand coup avant de passer la main à la fin de l’année? Berkshire Hathaway, la société d’investissement du célèbre financier américain, a acquis au deuxième trimestre 5 millions d’actions du mastodonte américain de la santé Unitedhealth, selon des documents boursiers cités par les médias américains. Ce qui représente environ 1,6 milliard de dollars, selon Bloomberg.
Berkshire Hathaway a également vendu sa participation de 1 milliard de dollars au capital de l’opérateur télécoms T-Mobile.
Unitedhealth est connu du monde entier depuis le 4 décembre 2024. À cette date, Brian Thompson, directeur général de Unitedhealthcare, la branche d’assurance santé de la société, a été assassiné par balle en pleine rue de New York, alors qu’il se rendait à la journée investisseurs organisée par l’entreprise.
À Wall Street, l’action Unitedhealth s’envole. Dans les échanges de préouverture, l’action prend 12,6% ce vendredi 15 août.
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Un signal de confiance
La prise de participation de Berkshire Hathaway au capital de la société envoie un important signal de confiance sur le titre Unitedhealth.
Warren Buffett, qui cèdera le poste de directeur général de Berkshire à Greg Abel à la fin de la fin de l’année, est connu pour investir dans des entreprises en difficulté mais dont le potentiel de hausse, si un redressement est correctement mis en œuvre, s’avère immense. C’est ce que l’on appelle la stratégie d’investissement dite « value », qui consiste à se positionner sur des titres dépréciés, décotés.
L’un des grands théoriciens de cette stratégie d’investissement est Benjamin Graham, un universitaire et mentor de Warren Buffett. « L’oracle d’Omaha » juge d’ailleurs que son ancien professeur constitue la personne la plus importante de sa vie à égalité avec son père.
Le profil de Unitedhealth a tout du parfait exemple de l’action « value ». Depuis le début de l’année, le titre de la société a été quasiment divisée par deux, en raison notamment d’une succession de déceptions financières et d’interrogations sur son modèle économique.
En mai dernier, le titre avait dévissé de près de 18% après que l’entreprise a annoncé le départ de son directeur général, Andrew Witty, pour « des raisons personnelles », remplacé par Stephen Hermsley. La société avait également suspendu ses objectifs 2025, en raison d’une consommation plus élevée des dépenses de santé aux États-Unis, synonyme donc de coûts plus élevés pour le groupe, qui travaille avec les programmes gouvernementaux comme « Medicare ».
Unitedhealth a rétabli des objectifs pour 2025, le 29 juillet dernier, prévoyant un bénéfice par action d’au moins 16 dollars, alors que les investisseurs tablaient sur un chiffre supérieur à 20 dollars et que la société avait initialement indiqué, en décembre dernier, anticiper un chiffre de 29,75 dollars. L’action a encore chuté de 7,46%.
Enquêtes des autorités américaines
L’entreprise a par ailleurs été régulièrement épinglée par plusieurs médias (le Wall Street Journal et le Guardian notamment) pour ses pratiques, accusée de privilégier la rentabilité en reléguant la santé des patients au second plan. Unitedhealth a, à chaque fois, fermement démenti ces allégations.
Dans une analyse publiée le mois dernier, le Wall Street Journal soulevait des questions sur le modèle de croissance de la société. Le quotidien des affaires soulignait que l’entreprise a beaucoup joué sur les acquisitions et sur le système de régime d’assurance maladie « Medicare Avantage ».
Dans ce système, les paiements versés aux assureurs augmentent en fonction du nombre et de la sévérité des diagnostics des patients, ce qui incite fortement à documenter autant de pathologies que possible, explique le média américain. En 2024, le Wall Street Journal avait rapporté que Unitedhealth avait perçu des milliards de dollars liés à des diagnostics qualifiés de « discutables » par le quotidien.
En juillet, la société américaine avait confirmé qu’elle répondait à des investigations civiles et criminelles menées par le département américain de la Justice (DoJ). Ce quelques mois après une série d’articles du Wall Street Journal qui rapportaient que le DoJ menait des enquêtes sur Unitedhealth, la soupçonnant de fraudes dans ses facturations dans le cadre du programme Medicare. Les autorités américaines chercheraient notamment à savoir si les infirmières et les docteurs étaient poussés à établir les diagnostics les plus lucratifs pour le groupe.
Julien Marion – ©2025 BFM Bourse