À 37 ans, Pierre Briand n’a rien perdu de l’enthousiasme qui l’a conduit jusqu’à La Turbie, il y a six ans. Compagnon boulanger du devoir, originaire de Touraine, il débarque alors avec « beaucoup d’envie et du travail plein les mains ». La mairie et le propriétaire du fonds lui proposaient de reprendre la boulangerie du village disposant d’un four à bois. Il accepte et se lance dans l’aventure avec deux employés.

Aujourd’hui, ils sont 32 salariés à faire vivre Ma Première Boulangerie, maison artisanale qui s’est imposée à La Turbie et ses alentours par son exigence et son engagement pour le 100% fait maison. « Nous fabriquons tout nous-mêmes, de A à Z », rappelle Pierre Briand. « Ce n’est pas juste un business: je veux défendre le métier et transmettre. »

Le 100% artisanal comme levure du succès

À l’heure où la plupart des boulangeries françaises s’approvisionnent en produits semi-finis, Ma Première Boulangerie revendique un travail entièrement artisanal. Les pains, viennoiseries, pâtisseries et douceurs sont façonnés sur place ou dans le laboratoire de 180 m² situé plus loin en ville, par manque de place.

« Si nous ne pouvons pas faire un produit correctement, nous ne le faisons pas », tranche le boulanger. Ce positionnement suppose des sacrifices : réinvestir sans cesse dans l’outil de travail, maintenir des équipes passionnées et formées, résister à la tentation du rendement rapide. « Il faut aimer ce métier. Ceux qui n’ont pas de convictions ne restent pas longtemps. »

Cet engagement attire aussi des profils atypiques : peu d’apprentis en CAP, mais souvent des adultes venus de la restauration ou d’autres métiers. « Former quelqu’un de zéro coûte cher à l’entreprise, mais c’est le prix pour transmettre notre savoir-faire. »

Agrandir La Turbie pour répondre à la demande

Depuis les premières baguettes sorties du four en 2019, le succès est au rendez-vous. Mais les locaux de La Turbie atteignent vite leurs limites. Pierre Briand saisit chaque opportunité pour agrandir, moderniser et améliorer ses espaces de production. Les travaux sont quasi permanents depuis six ans. Dernier chantier en date: l’extension du magasin et l’installation d’un laboratoire pâtisserie à l’étage. « L’objectif est double: fluidifier l’accueil et offrir de meilleures conditions de travail aux équipes », explique l’artisan.

Ce dernier a ainsi saisi l’opportunité de racheter l’immeuble où est située actuellement la boulangerie. Des bureaux administratifs ont également été installés.

Èze, une ouverture très attendue

Le 2 route de la Moyenne Corniche, à Èze village, sur l’ancien site d’une station-service, accueillera dans moins de quinze jours le nouveau dépôt de pain de Ma Première Boulangerie.

Une implantation qui répond à une demande forte des habitants et de la mairie. « Èze est l’un des villages les plus visités de France et il n’y avait pas de bonne baguette ou de bon croissant pour les touristes. C’était dommage », explique Pierre Briand. Le dépôt proposera une sélection de pains, viennoiseries et douceurs maison, livrés chaque jour depuis La Turbie.

Les débuts seront modestes, le temps de tester la fréquentation, avant d’envisager des travaux pour en faire une boulangerie complète avec fournil et laboratoire pâtisserie sur place. À terme, cette évolution permettra une production 100% locale, fidèle aux engagements de l’enseigne : excellence artisanale, qualité et authenticité. « Je veux que les gens voient le boulanger travailler. C’est l’âme du métier. »

Cette philosophie lui a permis de fidéliser une clientèle locale, mais aussi de séduire des établissements prestigieux comme Cap Estel ou Château Eza. Et si les charges, les coûts de l’énergie ou les hausses des matières premières sont des défis quotidiens, Pierre Briand préfère rester fidèle à sa ligne: « Si un jour nous ne pouvions plus faire de l’artisanat, transmettre et garder le geste, j’arrêterai. »

Avec Èze et Monaco dans son viseur, le marché des Halles de Menton et La Turbie comme ancrages, il compte bien continuer à pétrir son succès, sans jamais oublier ce qui en a été la levure: l’amour du métier et le respect du produit.


Le dépôt de pain ouvrira ses portes à Èze ce mois-ci. Photo Justine Meddah.

Cap sur Monaco en 2026

Si l’ouverture du dépôt de pain à Èze est imminente, c’est un autre chantier qui devrait mobiliser les équipes de Pierre Briand à la rentrée: l’arrivée de Ma Première Boulangerie à Monaco.

Le projet commencé il y a quatre ans, bien avant celui d’Èze, concerne la reprise du fond de la boulangerie Helena situé 2 boulevard d’Italie. « C’est un projet particulier puisqu’il s’agit d’une faillite. Et nous sommes habitués à travailler en France, pas encore en Principauté. Ce sont de nouvelles règles », souligne Pierre Briand.

Début des travaux à la rentrée

Alors que les travaux doivent débuter en septembre, une ouverture est attendue dans les premiers mois de l’année 2026. Cette future boutique suivra la même ligne que celles de La Turbie et potentiellement d’Èze: production artisanale, matières premières de qualité, et, autant que possible, une fabrication visible par le client.

« Tout sera produit sur place à l’exception du pain. Pour l’instant, il est très compliqué d’installer un four à bois sur place. Dans un premier temps, c’est la boulangerie de La Turbie qui alimentera celle de Monaco tous les matins avec du pain frais », ajoute l’artisan. En revanche, il assure que tout le reste sera fait directement en Principauté.

Cette adresse devrait également permettre de renforcer les liens avec les restaurateurs et commerces de la Principauté, un réseau déjà bien développé grâce à des partenariats avec plusieurs établissements, du Petit Casino à des restaurants de renom en passant par le Centre de Performance de l’AS Monaco.