Par

Charlotte Lesprit

Publié le

15 août 2025 à 18h35

Nolwenn Denis, artiste installée à Bordeaux depuis trois ans, travaille à son domicile et vend ses illustrations depuis sa boutique en ligne. Un art bien à elle, coloré et empreint de l’expérience de ses voyages entre Colombie, où elle a vécu, Mexique, Indonésie… Tout semblait bien à elle, jusqu’à ce jour de février où elle a découvert que certaines de ses peintures avaient été volées et revendues sur des plateformes en ligne. Un vol au cœur même de sa créativité, qu’elle avait déjà constaté quelques années auparavant mais qui n’avait pas encore pris une telle ampleur. Aujourd’hui, elle décide de le dénoncer publiquement.

« Mon père était en voyage en Andalousie lorsqu’il a retrouvé une de mes illustrations sur une planche à découper », dénonce Nolwenn Denis. La Bordelaise a même retrouvé ses œuvres vendues sous forme de tirages ou encore via des kits de peinture par numéros pour adultes ou de la peinture au diamant, une activité qui consiste à coller des petits strass en résine sur une toile autocollante préalablement imprimée.

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« Il camoufle ma signature, masque mon filigrane et rajoute quelques éléments mais la qualité est loin d’être la même. »

Nolwenn Denis
artiste bordelaise

«Temu, Shein, AliExpress, Amazon… Mon travail est volé de partout. C’est tentaculaire », déplore l’artiste jointe par téléphone. Nolwenn Denis précise qu’il s’agit fréquemment de simples captures d’écran de ce qu’elle poste sur sa boutique en ligne, hébergée sur une autre plateforme où là aussi le vol n’est pas impossible. Son nom : etsy.

La réponse de Temu envoyée par communiqué à actu Bordeaux

« Nous prenons très au sérieux les droits de propriété intellectuelle et menons actuellement une enquête interne sur la base des informations dont nous disposons. Temu protège des milliers de marques grâce à une combinaison de détection automatisée et d’examen manuel. Les plaintes relatives à la propriété intellectuelle sont rares, ne représentant que 0,0019 % des annonces, et 99 % d’entre elles sont résolues en cinq jours ouvrables, avec un délai moyen de résolution d’un jour. Nous encourageons les titulaires de droits à enregistrer leurs actifs de marque auprès de nous afin d’améliorer le filtrage, et à soumettre leurs demandes de retrait via notre portail dédié à la protection de la propriété intellectuelle. Nos politiques interdisent toute violation et nous les appliquons en supprimant les annonces, en suspendant les privilèges de référencement, voire en résiliant les comptes des vendeurs dans certains cas. »

L'une des illustration de l'artiste Nolwenn Denis.
L’une des illustration de l’artiste Nolwenn Denis. (©Photo transmise à actu Bordeaux)Une suite en justice ?

« Des abonnés Instagram m’ont envoyé des messages pour me signaler qu’ils avaient repéré des illustrations très similaires aux miennes », complète la jeune femme. Elle cite notamment un projet inspiré d’un voyage aux Cinq Terres en Italie : « Une bonne dizaine de mes œuvres ont été volées par plusieurs revendeurs sur des plateformes. »

Face à l’ampleur du phénomène, Nolwenn Denis, qui n’a « pas eu le temps de tout signaler », n’exclut pas de faire appel à un avocat spécialisé en propriété intellectuelle et de contacter d’autres artistes qui peuvent l’aider. Sa crainte : signaler le vol mais le revoir en ligne deux jours après l’avoir dénoncé. Alors que l’artiste commercialise ses petits formats 20 euros, et jusqu’à 120 euros pour les plus grands, elle s’interroge : « Comment une personne peut-elle survivre en les vendant à 3 ou 4  euros ? » — tarifs fréquemment observés sur les plateformes qu’elle dénonce.

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