Plusieurs internautes, dont des eurosceptiques, dénoncent l’autorisation par l’Union européenne de l’intégration de poudre de larves dans plusieurs aliments transformés.

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Publié le 11/02/2025 09:35

Mis à jour le 11/02/2025 09:37

Temps de lecture : 5min

L'Union européenne a bel et bien autorisé la mise sur le marché de poudre de vers de farine jaune traitées aux UV dans le pain et les pâtes (photo d'illustration). (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

L’Union européenne a bel et bien autorisé la mise sur le marché de poudre de vers de farine jaune traitées aux UV dans le pain et les pâtes (photo d’illustration). (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

« Ayez le cœur bien accroché », lance Florian Philippot, le fondateur du mouvement Les Patriotes, classé à l’extrême droite, en ouverture d’une vidéo postée sur le réseau social X. « A partir de ce lundi 10 février, vous allez retrouver de la poudre de larves dans l’alimentation », affirme-t-il. Nicolas Dupont-Aignan, du mouvement Debout la France, et Guillaume Bigot, député Rassemblement national du Territoire de Belfort, dénoncent la même chose.

« Ça veut dire que dès maintenant, vous pourriez manger des insectes sans même le savoir », renchérit un compte X qui dit avoir inventé un label sans insecte. « De la poudre de larves dans des gâteaux, dans du pain, dans du fromage, dans des pâtes », s’énerve encore un internaute.

Tous dénoncent l’autorisation par l’Union européenne de la commercialisation de poudre de larves à partir du lundi 10 février, et certains eurosceptiques en profitent pour inviter à quitter l’UE. Le Vrai ou Faux fait le point.

Dans l’ensemble, c’est vrai. L’Union européenne a bel et bien autorisé la mise sur le marché de poudre de vers de farine jaune traitée aux UV, de leur petit nom latin des Tenebrio molitor. Comme les autres insectes, ils présentent l’avantage d’être riches en protéines et en nutriments, et d’être facile à produire avec un impact environnemental réduit.

Il s’agit de poudre qui pourra être mélangée à des aliments préparés et pourra représenter jusqu’à 4% des pains et gâteaux, 3,5% des produits à base de pâtes et des compotes, et 1% des fromages. Pour l’instant, cette poudre vient juste d’arriver sur le marché, donc elle n’est pas encore dans nos aliments.

Néanmoins, les consommateurs pourront très bien refuser de manger ces produits à base d’insectes. L’Union européenne précise d’ailleurs sur son site qu’il « appartient aux consommateurs de décider s’ils veulent manger des insectes ou non ».

La présence de poudre de larves devra être mentionnée très clairement dans la liste des ingrédients. Il suffira de chercher les mots : « poudre de larves de Tenebrio molitor (vers de farine jaune) traitée aux UV ».

Cette présence doit aussi être mentionnée dans la liste des allergènes, car la consommation d’insectes traités aux UV peut déclencher des allergies chez certaines personnes, au même titre que les œufs ou les fruits à coque. Néanmoins, le produit est sûr, assure l’UE en se basant sur une évaluation scientifique réalisée par l’Autorité européenne de sûreté alimentaire.

En revanche, ce n’est pas du tout la première fois que l’Union européenne autorise la commercialisation d’insectes comme nourriture. La première fois, c’était il y a quatre ans, en 2021. À ce moment-là, il s’agissait d’autoriser la mise en vente de ce même ver de farine mais en larves entières pour les déguster comme ça, comme un petit encas.

L’Union européenne a aussi déjà autorisé de la poudre de ce ver de farine en 2022. Finalement, la seule nouveauté de la poudre qui vient d’être mise sur le marché est que les larves sont traitées aux UV, ce qui permet de les doter un peu en vitamine D.

Depuis, l’UE a aussi approuvé la mise sur le marché du criquet migrateur, du grillon domestique, du petit ver de farine et de poudre partiellement dégraissée de grillon domestique.

Mais quatre ans après ces autorisations, il faut rappeler que les insectes représentent une toute petite filière économique dans le secteur alimentaire. Un marché qui ne se porte pas très bien d’ailleurs notamment, car il ne séduit pas beaucoup les investisseurs ces derniers temps, au point qu’il « faut réévaluer la viabilité économique du secteur », selon un spécialiste interviewé par La Tribune.

Deux entreprises françaises du secteur, Ÿnsect et Agronutris ont toutes les deux été placées en procédures de sauvegarde ces dernières semaines, pour geler leurs créances pendant un an. Autant dire qu’il n’y aura pas d’insectes partout, dans tous les aliments, dès demain.

Pour conclure sur une note culturelle, on peut également ajouter qu’il est assez banal de manger des insectes dans de nombreux pays, tels que le Mexique, la Thaïlande, le Burkina Faso, le Laos, la Corée. L’alimentation à base d’insectes, notamment de sauterelles, est d’ailleurs mentionnée dans la Bible et dans le Coran, ainsi que par les philosophes de la Grèce antique.

En France, même si c’est plus rare, manger des insectes fait déjà partie du patrimoine culinaire. Les amateurs de fromages corses auront peut-être déjà goûter au Casgiu Merzu, le fameux « fromage aux asticots », et là, il ne s’agit pas de poudre.