Nicolas, 50 ans, est adossé à un arceau à vélo. « Je trouve ça bien que la piscine soit accessible, surtout avec la canicule. C’est important pour les gens, c’est un service public. » Ils sont une quinzaine de personnes à attendre avec impatience de pouvoir aller se rafraîchir à la piscine Judaïque, exceptionnellement ouverte ce vendredi 15 août à cause de la canicule, tout comme les piscines Galin et Tissot.
D’ordinaire silencieux en ce jour férié, les couloirs bordés de casiers voient défiler hommes, femmes et enfants venus profiter de l’occasion. Première étape : enfiler maillot et bonnet de bain. Clara, âgée de 38 ans, vient à peine d’arriver, mais ne cache pas son enthousiasme à l’idée de piquer une tête. « Il fait très chaud chez moi. Quand j’ai appris que c’était exceptionnellement ouvert, c’était une bonne nouvelle du coup », s’exclame-t-elle. « Je trouve que c’est une bonne chose pour tous les gens qui sont en ville et qui n’ont pas forcément l’occasion d’aller sur la côte. C’est une solution de proximité. »
Emmanuelle, serviette sur l’épaule, est déjà prête à se jeter à l’eau. « On a découvert que c’était ouvert hier et on a décidé de venir en famille. Avec cette chaleur, on est ravis de se rafraîchir. On les a même remerciés en arrivant. »
Se rafraîchir à tout prix
Ce climat intense peut devenir un véritable défi. Marion en sait quelque chose. Accompagnés de son fils et de son compagnon, ils cherchent tous les moyens pour se procurer un semblant de frais. « On a de plus en plus de mal à faire descendre la température chez nous. Alors on sort dans les musées, les espaces climatisés, et donc la piscine. » À ses côtés, son fils trépigne d’impatience et n’attend qu’une chose : profiter du petit bassin.
« On a de plus en plus de mal à faire descendre la température chez nous »
Lui a déjà fait quelques allers-retours dans le bassin. Âgé de 19 ans, un bonnet de bain fantaisiste muni d’une crête vissé sur la tête, Antony s’est mis à la natation il y a peu de temps et fait deux à trois séances par semaine. Alors il n’a pas hésité une seconde à venir tremper les pieds. « Avec les températures, quand on n’a pas la clim, ni de ventilateurs, c’est vraiment dur. Ici on est bien. L’eau est fraîche et ils ouvrent le toit, donc on est un peu dehors. »
Ils sont une trentaine de nageurs à enchaîner les longueurs. Un peu plus loin, dans un autre bassin, un groupe d’amis joue au ballon, pendant que des enfants se lancent du haut du toboggan. Les rires se mêlent aux clapotis de l’eau.
« C’est crucial que l’on soit ouvert. On est en pleine alerte orange canicule et certaines personnes n’ont pas les moyens d’avoir la climatisation chez eux, leur logement surchauffe »
Quatre surveillants de baignades scrutent tout ce beau monde. Équipés de talkies-walkies, ils sont en contact constant et guettent la moindre infraction : « Petit bassin, le monsieur qui vient de rentrer n’a pas de bonnet. » Ruddy est d’ordinaire maître-nageur. Mais aujourd’hui il se retrouve chef de bassin. « Je suis partout à la fois, j’essaie de faire en sorte que ça se passe le mieux possible pour tout le monde, sachant qu’en plus aujourd’hui, c’était au volontariat. » La veille, 800 personnes ont arpenté le bâtiment. Vendredi, ils attendaient entre 200 et 300 visiteurs. Une heure après l’ouverture, 143 personnes étaient déjà dans les bassins. « On est le week-end du 15 août, c’est normal qu’il y ait un peu moins de monde. Mais c’est crucial que l’on soit ouvert. On est en pleine alerte orange canicule et certaines personnes n’ont pas les moyens d’avoir la climatisation chez eux, leur logement surchauffe. Avoir un endroit où ils peuvent se rafraîchir est important. »