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Usurpation d’identité, faux partenariats et promesses politiques fictives… Eddie Goujit, 18 ans, a berné élus, associations et hôteliers pendant plus de deux ans. Sa confiance inébranlable lui a permis d’enchaîner les arnaques rocambolesques, faisant d’innombrables victimes. Retour sur le parcours du « jeune Arsène Lupin ».

Il avait la tchatche, le costume, et le culot. Eddie Goujit, 18 ans, vient d’être écroué à Toulon (Var). Il est suspecté d’une série d’arnaques menées un peu partout en France. Il se faisait passer pour le vice-président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), pour un proche de François Bayrou ou de l’Elysée… ses mensonges ont duré plus de deux ans.

En janvier dernier, il se présente comme le « délégué en charge du soutien et de l’accompagnement des comités Miss et Mister de notre région », soi-disant désigné par le Président de la région, Renaud Muselier, raconte BFMTV. Il assiste alors à un concours de beauté et remet à son organisateur, Bruno Solari, un chèque de 175 000 euros de la part de la région Paca ainsi que l’ordre du mérite. Quelques jours plus tôt, il avait même promis à Bruno Solari un poste à ses côtés, avec un faux mail estampillé du logo officiel de la région.

Une carrière politique inventée de toutes pièces

En réalité, Eddie Goujit n’a jamais occupé le moindre mandat politique, mais sa force de persuasion le rendait particulièrement crédible. À force d’escroqueries, Bruno Solari s’est rendu compte du profil de l’individu et a depuis porté plainte : « Ce jeune, c’est Arsène Lupin », dit-il au Figaro.

S’il a bien intégré la promotion du parlement régional des jeunes, en 2017, il en a été viré « dès qu’on a commencé à comprendre le personnage », explique Sébastien Soulé, ancien policier de la BAC Nord reconverti en politique. Il a par la suite bien tenté de créer un mouvement politique et a annoncé sa candidature à la mairie avec « Cap sur Toulon », reprenant ainsi l’intitulé du président de la Région.

Il usurpe aussi l’identité du vice-président de la région pour faire signer un partenariat avec un sportif de haut niveau, voyages organisés aux frais de la région… plus c’est gros, plus ça passe, se dit-il. Mais face aux factures impayées qui la submergent, « la Région a également alerté l’ensemble des associations et la presse afin que les arnaques puissent cesser », a rappelé la collectivité locale.

Un déjeuner avec Emmanuel Macron

Car des victimes, il y en a eu beaucoup. Lorsqu’il était mineur, Eddie Goujit a réalisé un stage dans une association sportive varoise. Il leur aurait proposé d’emmener dix enfants de l’association jusqu’à Paris, où ils seraient reçus par l’Elysée et déjeuneraient avec le président de la République.

Là-bas, Emmanuel Macron « était censé signer un accord de subvention d’un montant de 3 000 euros par trimestre ». Alors face au jeune stagiaire à qui ils ont fait de plus en plus confiance, surtout avec sa grande ambition pour l’association et le réseau dont il semblait disposer, l’association fonce.

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Une de ses représentantes, citée par Le Figaro, monte le dossier et fournit sa pièce d’identité ainsi que des chèques. La veille du départ, le séjour est annulé, et ses chèques seront encaissés par un hôtel quatre étoiles de Saint-Raphaël (Var) pour un montant de 1 700 euros. Avec la pièce d’identité de la victime dans ses mains, l’hôtel accepte ce moyen de paiement.

Collaborateur de François Bayrou

Ce n’est pas le seul subterfuge qu’il a utilisé pour ne pas régler le montant de ses nuits d’hôtel. Il est resté plusieurs jours dans un établissement des Pyrénées-Atlantiques, souvent habillé en costume, se souvient le gérant. Il disait qu’il était « secrétaire d’État à la jeunesse de François Bayrou, et que ce dernier serait dans le coin », relate-t-il.

« À la fin du séjour, il m’a demandé d’envoyer la facture à Matignon ». Et là encore, le plan de l’adolescent fonctionne et il quitte l’hôtel dont il ne paiera jamais les 1 900 euros dus à son séjour, expliquait Ici Béarn Bigorre en avril dernier. Le gérant a porté plainte contre l’adolescent, comme l’hôtel de Saint-Raphaël où il avait payé avec le chèque de son « amie ».

Arrêté dans un camping

C’est finalement dans un camping ardéchois que la cavale d’Eddie Goujit s’arrête. Engagé comme animateur pendant la saison estivale, il aurait tenté d’obtenir le numéro de permis d’une vacancière, en lui racontant que celle-ci s’était fait flasher et qu’il pouvait l’aider à faire annuler l’amende.

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Intriguée, la direction fait quelques recherches et découvre son passé. Ils préviennent les gendarmes qui leur révèlent que le suspect est « recherché par les policiers varois depuis plusieurs mois ». Ils l’interpellent tandis qu’il se rendait à la gare après avoir quitté le camping et le placent en garde à vue. Mercredi soir, le parquet de Toulon a annoncé sa mise en détention provisoire.

Les chefs d’accusation qui pèsent contre lui sont nombreux : « Faux et usages de faux, usurpation de titres, tentatives d’escroqueries, escroqueries et vols commis entre février 2023 et juillet 2025 ».