Par
Louise Boutard
Publié le
16 août 2025 à 7h26
On le sait, le sol de craie est synonyme de beauté mais aussi de risques en Seine-Maritime. Qu’il s’agisse de l’effondrement des falaises, ou des fameuses marnières et bétoires. Ces spécificités régionales qui prennent la forme de trous dans les sols, peuvent se révéler dangereuses pour les passants inattentifs. Ou une source de problèmes pour les propriétaires malchanceux.
Ne pas s’approcher
Plusieurs dizaines de cavités sont repérées chaque année dans la Seine-Maritime et l’Eure. D’autres départements n’ont pas de problématiques de marnières, mais parfois d’autres histoires avec des conséquences similaires, comme les mines de fer.
Alors, que faire si je trouve une cavité lors d’une promenade ? « La curiosité des gens les amène à se pencher, mais les bordures sont instables, donc ce n’est pas une bonne idée », répond Jean-Christophe Servy du bureau d’études Explor-e, spécialiste des intervention auprès des cavités souterraines.
Il arrive néanmoins des accidents. Deux chutes dans des cavités ont été mortelles en Normandie en 25 ans. Cela reste donc assez rare. « Le plus souvent, on observe des accidents avec des personnes qui posent des objets lourds, descendent de 3 mètres mais peuvent remonter rapidement », explique le spécialiste. En revanche, beaucoup d’animaux tombent dans ces pièges, des animaux sauvages mais aussi des chiens. Pour eux, il est bien plus difficile de remonter.
Effondrement progressif
L’effondrement vient parfois d’un seul coup, ou progressivement. Cela peut être dû à différents phénomènes : une cavité qui a été bouchée par des troncs et d’autres matières naturelles, peut progressivement s’éroder avec le temps ; la craie peut s’imbiber d’eau et s’effriter.
« Dans les faits on a donc un espace vide qui est souterrain et qui remonte petit à petit. Cela peut prendre des semaines, des mois des années ou bien s’auto-combler », explique Jean-Christophe Servy.
Lorsque des particuliers voient un effondrement chez eux, c’est parfois plusieurs mètres cubes qui se sont effondrés en une nuit. Il convient alors de sonder les sols pour voir s’il reste du vide ou non.
« Tout dépend de l’enjeu du terrain, précise encore Jean-Christophe Servy. S’il s’agit d’un champ, l’agriculteur va simplement boucher le trou avec de la terre sans chercher plus loin l’origine. Mais si on est au cœur d’un lotissement ou proche d’une école, il y a un risque potentiel d’atteinte à la sécurité. On a donc tout intérêt à explorer ces risques. »
« En théorie, ça ne baisse pas le prix de vente »
La question se pose également lors de la revente d’un terrain. Si la cavité n’est pas dangereuse, il faudra simplement informer l’acheteur – ou tout locataire – de la présence de cette cavité. « En théorie, ça ne baisse pas le prix de vente. Mais on sait que dans les faits, ça peut représenter un moyen de pression », souligne le spécialiste.
Si une intervention est nécessaire, des aides financières sont possibles. En Seine-Maritime, ce sera à hauteur de 25 % des travaux, voire 40 % sur conditions de ressources. Si la cavité représente un danger grave à imminent, le terrain peut devenir éligible au fonds Barnier qui rembourse 80 % des études et des travaux (plafonné à 72 000 euros). La Métropole de Rouen ou la communauté de communes de Terres-de-Caux proposent également une aide au comblement en complément.
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