Il manquait une image à la galerie politique estivale, elle est arrivée là où on ne l’attendait pas : le site people américain TMZ a publié jeudi les traditionnelles photos varoises du président de la République en vacancier au fort de Brégançon, en short de bain, le muscle saillant et bronzé, mais aussi avec des lunettes de soleil sur un jet-ski. À part ces clichés pris au téléobjectif, Emmanuel Macron apparaît surtout en costume à Brégançon, comme en compagnie du président de conseil européen Antonio Costa, après une visioconférence sur l’Ukraine.

Longue discrétion

C’est l’illustration d’un été présidentiel dominé par l’actualité diplomatique la plus aiguë. À Gaza, l’offensive d’Israël et la volonté de Benjamin Netanyahou d’occuper le territoire palestinien. En Ukraine, un sommet surprise des États-Unis et de la Russie afin de discuter des suites de la guerre. Dans les deux cas, une Europe mise à l’écart et un président français s’agitant pour qu’il en soit autrement.

Sa traditionnelle sortie à Bormes, ce dimanche, n’en sera que mieux observée. Car cela fait des semaines que le président n’est pas intervenu en détail sur la politique intérieure – depuis exactement le 13 mai sur TF1 : un long, très long entretien (deux heures et demie) qui n’avait accouché d’aucune annonce. Rien, par exemple, sur des référendums dont l’Élysée avait pourtant entretenu l’attente.

« Pas assez craints »

Dans le Var l’an dernier, sur les décombres de la dissolution, Emmanuel Macron avait appelé à ne pas « céder à la division ». Un an plus tard, la division est plus menaçante que jamais, avec un objet de taille : les mesures budgétaires présentées le 15 juillet par son Premier ministre. Il est resté discret sur le sujet, se contentant de saluer en conseil des ministres la « vertu du courage, de l’audace et de la lucidité » de ces propositions.

Le dernier conseil des ministres de la saison, le 30 juillet, a d’ailleurs souligné la fragilité de sa position. En Europe, avec sa critique de l’accord conclu par son alliée Ursula von der Leyen sur les droits de douane américains (« Nous n’avons pas été assez craints »). Et en France, avec un propos sur l’universalisme oublié de la communauté juive (que l’Élysée dément) lui ayant valu une vive réaction du président du Crif.

Un budget, deux mobilisations

La rentrée présidentielle ne s’annonce guère ensoleillée. Le projet de budget de son Premier ministre paraît condamné à la censure quand le Parti socialiste réclame par la voix du député Philippe Brun de « réduire de moitié » l’effort annoncé de 43 milliards d’euros. Et la contestation se met déjà en place. D’un côté le mot d’ordre « Tout bloquer » le 10 septembre, d’autant plus craint que le flou demeure sur ses instigateurs. De l’autre, la mobilisation plus classique des organisations syndicales contre le « musée des horreurs », pour citer Marylise Léon (CFDT).

N’oublions pas, enfin, le constat de décès anthume de l’aventure politique présidentielle dressé à la veille des vacances par son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau : « le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron ». L’année dernière, c’est le ministre de la Justice Gérald Darmanin qui faisait savoir qu’il s’inquiétait de « ce qu’il se passera en 2027 ». Ils sont nombreux à rêver pour eux-mêmes de vacances estivales au fort de Brégançon.