Pertinence d’un parking souterrain, gestion de la pollution du sol à l’arsenic, remontée de la nappe en cas de fortes pluies… Rendu le 25 juillet, un avis de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) met sur la table une liste instructive des enjeux liés à la densification de la route de Toulouse, l’un des principaux axes de l’agglomération bordelaise. Dans le viseur, côté Bègles, l’îlot « CA1 », occupé pour l’heure par un atelier Midas désaffecté et un parking en sursis au coin de l’avenue qui mène au lycée Vaclav-Havel. En 2021, six immeubles et 188 logements y étaient prévus, dans le cadre de la Zone d’aménagement concertée (ZAC) route de Toulouse, déclinaison de l’opération métropolitaine « 50 000 logements autour des axes de transports collectifs », ici à cheval entre Bègles et Villenave-d’Ornon.
Et c’est un avis réactualisé qu’a rendu l’administration environnementale, sur demande de Clément Rossignol Puech, maire écologiste de Bègles. Car le projet a évolué, le bailleur social Domofrance et Araucaria, filiale du groupe immobilier Pichet, annonçant désormais 321 logements, dont 185 réservés aux étudiants. Deux bâtiments d’Araucaria passent de cinq à six étages pour l’un, et de trois à six étages pour l’autre. Une densification qui, paradoxalement, va de pair avec une baisse du nombre de places de stationnement : de 191 à 159 (dont 76 en sous-sol), l’un des deux parkings souterrains passant à l’as.
Nappe phréatique
La MRAE note que « les raisons de cette baisse de l’offre globale de stationnement ne sont pas explicitées » dans le dossier d’étude d’impact, si ce n’est « de façon générale et indirecte » à travers une « volonté d’accroissement des espaces de pleine terre » et la « recherche de rentabilité économique ». Mais elle s’interroge en fait sur la pertinence du second parking souterrain, en raison de la proximité immédiate de la ligne C du tram comme des pistes cyclables et, du « risque avéré de remontée de nappe phréatique ».
C’est un autre versant de l’avis : la MRAE note que le dimensionnement des ouvrages de gestion des eaux de pluie est étalonné sur une fréquence décennale de fortes pluies. Un « choix » qu’elle invite à justifier « au regard de l’évolution du climat ». « Le cas échéant », elle suggère d’adapter « le dimensionnement des dispositifs de gestion des eaux pluviales ». « La contribution d’un parking enterré en tant que facteur aggravant n’est pas étudiée », relève-t-elle par ailleurs.
S’y ajoute une problématique de pollution des sols, à savoir « la présence d’une zone de remblais à forte teneur en arsenic […] dans la partie nord du projet » dévolue à Araucaria. Elle devait être déplacée d’une trentaine de mètres et confinée sous un des bâtiments Domofrance. Dans la première mouture du programme immobilier, le porteur affirmait que cette pollution était sans impact sur les eaux souterraines, renvoyant à des études qui « n’étaient cependant pas jointes au dossier ». « La version 2025 de l’étude d’impact n’inclut pas non plus ces études et n’apporte aucun complément […] », regrette la MRAE.