Ce 16 août, Annie Chancel, son vrai nom, fête son anniversaire et nous offre l’occasion d’ouvrir le grand livre de la variété française.
Sheila a 80 ans. « La petite fille de Français moyens » traverse le temps et les générations. Pas question d’en faire des tonnes. « Ne me parlez pas de mes 80 ans, je ne veux pas entendre ce chiffre », a-t-elle expliqué à Ciné Télé Revue. Ce 16 août, Annie Chancel, son vrai nom, fête son anniversaire et nous offre l’occasion d’ouvrir le grand livre de la variété française. Depuis son premier tube en 1963, « L’école est finie », Sheila a vendu plus de 60 millions de disques et a même réussi à imposer des titres aux États-Unis. Pour fêter comme il se doit cet heureux événement, et avant la tournée 8.0 qui a commencé il y a quelques jours, nous avons choisi 10 morceaux qui racontent Sheila.
La plus enfantine : « Vous les copains » (1964)
À 19 ans et après le succès de « L’école est finie », Sheila sort un nouveau titre qui va entrer dans la légende « yé-yé ». Cette chanson est une boule d’énergie et une ode à l’amitié. Le refrain est entêtant et la voix de Sheila plus assurée. « Voilà, tu quittes ton école, mais tu ne les oublies pas. C’est l’époque qui correspondait à ça. Ce qui est incroyable aujourd’hui, c’est que je ne peux pas faire une scène si je ne chante pas « Vous les copains, je ne vous oublierai jamais » parce que les gens sont frustrés. Et quelque part, c’est une chanson de bonne humeur et de joie », expliquait-elle sur Franceinfo.
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La plus sombre : « Bang bang » (1966)
En 1966, Sheila adapte le titre américain « Bang bang » créé par Cher et popularisé par Nancy Sinatra. Les paroles sont signées Claude Carrère et Georges Aber et évoquent une amitié passée et un amour qui se termine. « Et quand il en vint une autre, on ne sait à qui la faute. Tu ne m’avais jamais menti. Avec elle tu es parti. » C’est le tube de l’été.
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La plus mystique : « Les rois mages » (1971)
Voilà un tube ! Et quel tube ! En 1971, l’époque yé-yé est terminée, mais Sheila joue les prolongations. Ses « Rois mages » fleurent bon les années 1960 et sont réjouissants. Les paroles ne respectent pas l’Ancien Testament mais qu’importe. « Plaise au ciel que j’ouvre mes fenêtres, le matin au bord d’un étang bleu. Plaise au ciel que rien ne nous arrête dans ce monde aventureux. » La décennie 70 sera celle de la révolution et du succès.
La plus « besoin de rien envie de toi » : « Les gondoles à Venise » (1973)
Après Johnny et Sylvie et Stone et Charden, il y a eu Ringo et Sheila. Les deux tourtereaux enregistrent un duo romantique aux paroles très mystérieuses : « Laisse les gondoles à Venise, le printemps sur la Tamise. On n’ouvre pas les valises. On est si bien. Laisse au loin les Pyramides, le soleil de la Floride. Mets-nous un peu de musique et prends ma main. » Ça sent le marketing et cela marche : n°1 des ventes et plus de 600.000 exemplaires. Le couple ne survivra pas et divorce en 1979.
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La plus flamboyante : « Quel tempérament de feu » (1975)
Avec « Ne fais pas tanguer le bateau », ce morceau est l’une des pépites de l’album sorti en 1975. Sheila a 30 ans et s’affirme comme une chanteuse exigeante. Elle n’est pas encore la reine du disco, mais déjà celle du show : elle chante et danse sur ce titre énergique. Oui, « Quel tempérament a cette fille-là » !
La plus aérienne : « Patrick, mon chéri » (1976)
Tout commence par un orage et un bulletin météo. Puis un monologue : « Une catastrophe épouvantable a été évitée de justesse. Notre avion n’a pas pu décoller dans la tempête et j’ai eu tellement peur que je me rends compte aujourd’hui à quel point je t’aime. » Puis Sheila se lance dans une chanson plus traditionnelle. Un bel exercice de style porté par une mélodie sucrée.
La plus irrésistible : « Spacer » (1979)
Dalida a amorcé le disco français, Patrick Hernandez l’a sublimé, Sheila l’a exporté. Issu de sa collaboration avec le groupe Chic, « Spacer » est un monument irrésistible. Malgré un anglais un peu hésitant, la chanteuse porte haut ce titre qui va devenir iconique. L’introduction est incroyable – on reconnaît la patte Nile Rodgers -, les couplets sensuels et le refrain décisif. Quant à la fin de la chanson – une boucle Rodgerienne -, elle est entêtante. Sheila perce aux États-Unis et en vend des caisses. « Spacer » est diffusé 45 ans plus tard au monde entier lors de la cérémonie des Jeux olympiques de Paris.
La plus bluffante : « King of the World » (1980)
Après « Spacer », c’est l’autre succès disco de Sheila. « King of the World » est presque plus abouti d’un point de vue mélodique. Elle chante un peu comme un robot mais quel refrain. Après 20 ans de carrière, Sheila est la « Queen of the world ».
La plus ratée : « Glori-Gloria » (1982)
Sheila a beaucoup adapté des tubes internationaux. En 1982, elle reprend Gloria d’Umberto Tozzi. Contrairement à Laura Branigan – qui l’a enregistré en anglais la même année -, elle rate la cible. La voix de Sheila est plus grave et n’apporte aucune émotion. Cette adaptation sans aspérité est à oublier.
La plus personnelle : « La rumeur » (2021)
Il a fallu près de 50 ans à Sheila pour évoquer le drame qui la hante : la rumeur sur le fait qu’elle soit un homme. Lancé par Gérard de Villiers, journaliste à France Dimanche, ce délire provocateur va faire des dégâts et l’empoisonnait. « J’ai passé des jours et des jours enfermée chez mes parents, à pleurer », expliquait l’artiste chez Marc-Olivier Fogiel en 2016. « Si l’histoire est un mensonge que personne ne contredit, la rumeur est comme un songe qui jamais ne se finit », chante la mère de Ludovic, décédé en 2017. Poignant.