La semaine dernière, le président américain avait assuré par deux fois qu’il allait rencontrer son homologue russe… en Russie, oubliant qu’Anchorage se situe dans le 49e État américain.

«Perseverare diabolicum», dit l’adage latin. Donald Trump, décidément, refuse de considérer l’Alaska comme le 49e État américain. À bord d’Air Force One, alors en route vers le sommet qu’il a tenu vendredi à Anchorage avec Vladimir Poutine, le président américain a assuré au journaliste de Fox News Bret Baier qu’«il était un homme de deal». Mais peut-être pas un géographe. «Si c’est mauvais, si je ne vois pas d’avenir, je m’en vais. Je n’ai pas besoin de faire de conférence de presse, je dirai simplement : ’Il n’y aura pas d’accord, je me tire’ et je rentrerai aux États-Unis», a-t-il ajouté, en oubliant qu’il n’avait jamais quitté le territoire américain.

Le 11 août dernier, déjà, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, Donald Trump avait déclaré par deux fois que l’Alaska était… russe. «Je vais voir Poutine. Je vais en Russie vendredi», avait déclaré le président américain, sans ciller. Et d’enchaîner : «Ce sera une grande chose. Nous allons aller en Russie. Ce sera un grand accord. Attendez de voir ce qui arrivera. Vous serez les premiers à savoir», a-t-il ainsi répété.


Passer la publicité

Territoire racheté par les États-Unis

Sur l’Alaska, Donald Trump fait au moins preuve de constance, à défaut d’exactitude. Sur son art du deal, un peu moins. Car, il l’a reconnu lui-même ce vendredi soir à l’issue de la conférence de presse, «il n’y a pas eu d’accord», encore moins de «grand accord», mais contrairement à ce qu’il annonçait quelques heures plus tôt à Bret Baier, il n’a pas pour autant claqué la porte et s’est montré au contraire bien plus prudent. Évoquant une réunion «très productive» et un entretien «constructif» («10 sur une échelle de 1 à 10»), le président américain n’a guère été loquace sur le fond. «Nous n’y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n’y a pas d’accord jusqu’à ce qu’il y ait un accord. Maintenant ça dépend vraiment du président Zelensky pour y parvenir. Et je dirais également les pays européens, ils doivent s’impliquer un petit peu, mais ça dépend du président Zelensky», a jugé Donald Trump.

Au 19e siècle, l’Alaska était surnommé l’«Amérique russe» puisque le territoire a été racheté par les États-Unis à Moscou en 1867 pour 7 millions de dollars. Que Donald Trump se soit trompé trois fois de pays – et le sien qui plus est ! – est dès lors un lapsus gênant, alors que le président américain a lui-même jugé qu’il faudrait à l’Ukraine réfléchir à des concessions territoriales pour mettre fin à la guerre. Pourtant, le président américain ne s’est pas toujours désintéressé de l’Alaska. Dans son discours d’investiture, Donald Trump avait rendu hommage à son prédécesseur républicain William McKinley (25e président, de 1897-1901), en rebaptisant de son patronyme le mont le plus haut d’Alaska (et d’Amérique du Nord) que Barack Obama avait choisi de nommer «Denali» en 2015.