En 2013, BMW marquait les esprits au salon de Francfort avec la i8 et ses phares laser, rapidement suivie par Audi et d’autres constructeurs haut de gamme. Cette technologie repose sur trois minuscules lasers dirigés vers des miroirs, puis vers un module contenant du phosphore jaune. Le résultat : un faisceau lumineux d’un blanc intense pouvant atteindre environ 800 mètres, bien au-delà des capacités des LED.
Un laser qui coûte cher
Mais cette belle idée s’est heurtée à la réglementation américaine, en particulier la règle 108 de la NHTSA, qui limite l’intensité lumineuse à 150.000 candela par système, soit 75.000 par projecteur. À titre de comparaison, l’Europe autorise jusqu’à 430.000 candela. Aux États-Unis, cette restriction réduit la portée utile des phares laser à environ 250 mètres, soit la distance déjà couverte par les LED modernes. Résultat : l’avantage pratique des lasers disparaît, et leur développement devient sans intérêt.
Au-delà des limites imposées par la loi, les phares laser souffraient également d’un prix élevé. Leur fabrication nécessitait des composants optiques et électroniques plus complexes que les LED, sans oublier un calibrage précis pour garantir la sécurité et la fiabilité du système. Sur le marché, cette technologie restait cantonnée aux modèles les plus haut de gamme, ce qui limitait son adoption à grande échelle. À mesure que les Matrix LED se perfectionnaient, l’écart de performance avec les lasers s’est réduit, mais pas leur différence de coût.
Face à la réglementation, BMW a décidé de tourner la page. L’an dernier, Andreas Suhrer, responsable produit pour les grandes berlines, confirmant que sur les prochains modèles, le constructeur mettra l’accent sur les feux matriciels à LED. Il avait ajouté que les phares laser étaient certes excellents sur la portée pure, mais la dernière génération de LED offre une meilleure distribution.
Les phares adaptatifs à LED, ou Adaptive Driving Beam (ADB), utilisent des dizaines voire des millions de micro-miroirs pour moduler le faisceau lumineux en temps réel. Ils peuvent ainsi éviter d’éblouir les conducteurs venant en sens inverse, tout en éclairant des zones précises, comme un piéton ou un animal. Ces systèmes permettent de maximiser la visibilité tout en empêchant l’éblouissement.
Cependant, eux aussi restent limités aux États-Unis par des normes exigeantes que peu de constructeurs peuvent satisfaire dans l’immédiat. Les différences de standards de sécurité et de tests entre l’Europe et l’Amérique freinent encore leur adoption. La bonne nouvelle, c’est que de nombreuses voitures vendues sur le marché américain disposent déjà du matériel nécessaire. Le jour où la réglementation s’assouplira, une simple mise à jour logicielle pourra activer pleinement ces fonctions, ce qui installera sur les routes US un éclairage plus intelligent et sans laser.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités et sur notre WhatsApp. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.