Par

Jean-Christophe Buchot

Publié le

16 août 2025 à 10h56

Pour cette troisième quinzaine de l’été 2025 et jusqu’au 16 août, la galerie éphémère Estiv’Art accueille sept artistes aux univers très différents, dans tous les sens du terme.

Parmi eux, Sulaf. Elle a 19 ans. Elle vit à Alençon (Orne), dans le quartier de Perseigne. Elle dessine chaque jour, au moins deux heures. Pas sur tablette tactile, au fusain. L’un de ses portraits lui a demandé un mois entier de travail.

« Quand je dessine, je suis dans un autre monde. Je ne vois pas le temps passer », confie-t-elle.

Née en Syrie

Née en 2005 à Daraa, en Syrie, Sulaf Al Ghobari quitte son pays à l’âge de sept ans en raison de la guerre. Elle vit ensuite six années en Jordanie avant de s’installer en France en 2019. Ancienne élève du lycée Marguerite-de-Navarre, elle n’a pas obtenu son bac, mais se félicite d’avoir atteint un niveau B2 en français.

Aujourd’hui, elle hésite entre deux voies professionnelles – préparatrice en pharmacie ou auxiliaire en puériculture – mais, dit-elle, « dans les deux cas, c’est pour aider les autres ». Une certitude demeure : elle dessine, et continuera à dessiner.

Autodidacte, Sulaf n’a jamais pris de cours de dessin, mais aime transmettre son savoir à son entourage. Elle travaille à partir de photographies, le plus souvent de visages, qu’elle observe attentivement avant de les traduire en images hyperréalistes. « Le dessin, c’est le souffle de l’âme », résume-t-elle.

La révélation du fusain

Le noir et le blanc dominent son travail au fusain. Son trait, précis et épuré, parvient à convaincre par sa force expressive. Elle a déjà participé à plusieurs concours et multiplié les expositions. Cet été, ses œuvres sont visibles à Estiv’Art, au 20 rue aux Sieurs.

« Les portraits, c’est ce que je préfère. Mais je peux dessiner sur commande », précise-t-elle.

Son histoire artistique prend un tournant décisif durant le confinement lié à la pandémie. « Mon premier dessin au fusain a été une révélation : il ressemblait à une vraie photographie. Depuis, c’est bien plus qu’un passe-temps, c’est une vocation. »

Des thèmes profondément humains

À travers ses œuvres, Sulaf exprime ses émotions, son histoire et sa vision du monde. « L’art est pour moi un langage universel, un espace de liberté et de résilience. Je suis reconnaissante à la France, un pays qui valorise l’art et m’a permis d’épanouir mon talent. »

Ses portraits au fusain explorent des thèmes profondément humains : la vieillesse, la douleur, la mémoire, mais aussi la tendresse, la transformation intérieure et la quête d’identité. « Chaque visage que je dessine raconte une histoire, chaque regard porte une émotion. Je m’inspire de la fragilité et de la force de l’être humain. Mon style mêle réalisme et symbolisme pour inviter le spectateur à ressentir, à réfléchir, et parfois à se retrouver dans les fissures et les silences de mes portraits. À travers le fusain, je raconte mon histoire, entre exil, résilience et passion. »

Et après ?

Une école d’art pour parfaire sa technique ? Elle ne semble pas y songer, malgré son talent évident. Pour l’instant, elle cherche avant tout un métier, un contrat d’apprentissage ou bien à reprendre ses études.

Quoi qu’il en soit, Sulaf avance. Une feuille, un crayon, un trait après l’autre. Le fusain comme ligne de fuite… ou de force.

À découvrir sur Instagram : sulaf_alghobariÀ voir jusqu’au 16 août. Estiv’art, 20 rue aux Sieurs à Alençon, entrée gratuite, les mercredis et vendredis, de 13 h à 18 h, et les jeudis et samedis, de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 30.

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