Dans l’affaire des fichiers d’Éric Ciotti, saisis par la justice dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nice du chef « d’enregistrement ou conservation de données à caractère personnel sensibles sans le consentement des intéressés », les réactions s’enchaînent. Cette fois c’est Olivier Bettati qui interpelle le député UDR, après avoir découvert, dit-il, qu’une case à son nom était intégrée dans les bases de données présumées illégales.

« J’ai découvert, dans l’article consacré au système de fichage mis en place par M. Ciotti — et que Christian Estrosi dénonce avec force et à juste titre — qu’une colonne mentionnerait ‘proche de Bettati’. Cette indication serait, semble-t-il, croisée avec d’autres mentions telles que « handicapé », « confession juive », « arménien », « catholique », ou encore « LR » », entame l’ex-ami d’Eric Ciotti redevenu proche de Christian Estrosi après l’avoir affronté aux municipales en 2014 puis aux régionales 2015, en tant que tête de la liste RN dans les Alpes-Maritimes (sans qu’il soit membre du parti). Il a été par ailleurs candidat divers droite aux municipales à Menton en 2020, battu par le maire sortant Jean-Claude Guibal.

Il se murmure également qu’Olivier Bettati pourrait être le candidat de Christian Estrosi aux prochaines législatives dans la 1re circonscription, dont le sortant n’est autre qu’Eric Ciotti (1).

« Faut-il comprendre qu’un de mes amis pourrait, sur cette base, se voir refuser une aide du conseil départemental, l’inscription de ses enfants au collège, ou tout autre acte dicté par la noirceur de l’âme d’un esprit paranoïaque? », ose-t-il.

Avant de poursuivre, paternaliste: « On peut avoir des divergences politiques, des parcours qui se sont croisés puis éloignés, des amitiés qui se sont perdues — c’est mon cas avec Éric Ciotti. Mais, parallèlement aux enquêtes judiciaires, j’en appelle au député de la 1re circonscription, ou plutôt à l’homme que j’ai connu, si tant est qu’il existe encore. Au nom des principes républicains que nous partagions et qui doivent guider l’engagement de chacun, je lui demande de rendre publics ces documents confidentiels ». Olivier Bettati estime qu’ainsi « chaque Niçoise et chaque Niçois pourra juger par lui-même des véritables raisons de son fichage ».

Dans les tableaux Excel que nous nous sommes procurés et qui ont été fournis à la justice par le lanceur d’alerte à l’origine du signalement sr la base d’un article 40 le 16 mai dernier, la mention « confession juive » apparaît plusieurs fois, mais n’est indiquée que lorsqu’il s’agit de responsables associatifs en lien avec le judaïsme, comme le président du Crif Sud-est ou le président du consistoire israélite. Idem pour « confession chrétienne » qui ne concerne que des hommes de foi.

Des mentions « sourd », « non-voyant », « communauté arménienne », « corse », « comité de quartier », « propriétaire foncier », existent cependant tout comme des cases: « n’a pas voté au 2e tour législatives 2017 », « civilité enfant », « civilité complète de l’épouse », etc.

La justice devra estimer si des données personnelles ont été indûment collectées et utilisées. Cela pourrait tomber alors sous le coup de la loi.

L’article 226-19 du Code pénal réprime la collecte illicite de données à caractère personnel révélant les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, ou l’appartenance syndicale d’une personne, ainsi que les données relatives à la santé ou à la vie sexuelle.

1. Olivier Bettati a d’ailleurs quitté à l’automne ses fonctions au cabinet de Christian Estrosi (incompatibles avec une candidature) pour pouvoir se présenter en cas de législatives anticipées.