Elle n’avait pas pu
écrire son propre nom depuis deux décennies. Audrey Crews,
aujourd’hui quadragénaire, vient pourtant de le faire à nouveau —
non pas avec sa main, mais uniquement par la pensée. Cette
prouesse, rendue possible par un implant cérébral développé par
Neuralink, incarne l’émergence concrète d’une nouvelle ère : celle
de la fusion entre le cerveau humain et la
machine.
Une première mondiale au
croisement du handicap et de la haute technologie
Audrey Crews a perdu l’usage de
ses membres à l’adolescence, à la suite d’un accident qui l’a
laissée paralysée. Vingt ans plus tard, elle devient la première
femme au monde à tester l’implant cérébral de Neuralink dans le
cadre de l’essai clinique PRIME. Le dispositif, baptisé « N1
Telepathy », vise à permettre aux personnes souffrant de handicaps
moteurs de contrôler des interfaces numériques simplement par la
pensée.
Lors de sa première
utilisation publique, Audrey a réussi à tracer son prénom sur un
écran d’ordinateur portable. Un geste simple en apparence, mais qui
n’avait plus été possible pour elle depuis deux décennies. Cette
démonstration a été partagée sur les réseaux sociaux, suscitant des
millions de vues et une vague d’émotion. Elon Musk, fondateur de
Neuralink, a lui-même salué cet exploit : « Elle contrôle
son ordinateur simplement par la pensée. La plupart des gens
ignorent que c’est possible. »
Une opération cérébrale aussi
précise que risquée
Le fonctionnement de l’implant
repose sur une connexion directe avec le cortex moteur, la zone du
cerveau impliquée dans le contrôle des mouvements volontaires. Pour
l’installer, les chirurgiens ont percé un orifice dans le crâne
d’Audrey et y ont inséré 128 électrodes ultra-fines, directement
reliées à la puce N1. L’implant, de la taille d’une pièce de
monnaie, capte ensuite les signaux neuronaux pour les transmettre à
un ordinateur.
Selon Audrey, l’opération
s’est déroulée sans complication majeure. Elle a salué la
bienveillance du personnel médical du centre hospitalier de
l’Université de Miami, où l’intervention a eu lieu. Elle insiste
néanmoins sur un point essentiel : cet implant ne rend pas la
mobilité physique, mais permet de retrouver une forme d’interaction
avec le monde numérique. Une sorte de « télépathie assistée » —
concept autrefois réservé à la science-fiction.
I tried writing my name for the first time
in 20 years. Im working on it. Lol
#Neuralink pic.twitter.com/xzPBam5mAS— Audrey Crews (@NeuraNova9)
July 26, 2025
Une autonomie numérique
retrouvée
Audrey n’est pas la seule à
avoir bénéficié de cette technologie expérimentale. Nick Wray, un
autre volontaire, a lui aussi partagé son témoignage après
l’activation de son implant. Atteint de sclérose latérale
amyotrophique (SLA), il explique avoir retrouvé une autonomie
numérique inédite depuis des années. Pour lui, la participation à
cette étude n’est pas seulement un espoir personnel, mais une
contribution au progrès collectif.
Ces premiers cas d’utilisation
suggèrent que la technologie est capable de traduire les intentions
cérébrales en actions informatiques concrètes, comme déplacer un
curseur, cliquer, ou même taper du texte. Si les interfaces restent
rudimentaires à ce stade, les perspectives d’évolution sont vastes
: écriture, navigation web, pilotage de prothèses, ou même
communication directe entre cerveaux à long terme.
Un tournant technologique aux
enjeux éthiques majeurs
L’ambition de Neuralink est
claire : reconnecter les cerveaux isolés par la maladie ou
l’accident, mais aussi, à plus long terme, créer une interface
fluide entre l’humain et l’intelligence artificielle. Ces objectifs
suscitent autant d’enthousiasme que de prudence. L’implantation
d’électrodes dans le cerveau soulève des questions cruciales sur la
sécurité, la fiabilité à long terme, le traitement des données
cérébrales et l’accès équitable à ces technologies.
En attendant, Audrey Crews symbolise une
première réponse tangible à une promesse technologique audacieuse.
Son geste — écrire un prénom oublié depuis vingt ans — marque
peut-être le début d’un nouveau langage entre l’humain et la
machine. Un langage fait non pas de mots, mais d’ondes électriques,
d’intentions mentales et d’un espoir retrouvé.