Jul est né Julien Mari en janvier 1990 à Marseille. Il se passionne pour le rap et le foot jusqu’en 2000, il fréquente le Stade Vélodrome, y travaille même à l’entrée. Il grandit avec le rap français, s’enregistre sur son ordinateur du collège sous le pseudo Juliano 135, puis avec le Ghetto Phénomène fondé avec ses amis. En échec scolaire, Julien fait des petits boulots et s’équipe un peu plus en matériel pour développer sa musique. Le label indépendant Liga One Industry le repère et lui permet de sortir une première mix tape en 2013, Lacrizeomicmek, première production sous le nom de Jul. Il y raconte le quotidien du quartier et délivre un rap brut, sans esbroufe, la voix déjà reprise avec un Auto-Tune sommaire, dans le style de l’époque, sur des instrumentaux sous influence d’Eminem ou 50 Cent.

On retrouvera ce style de rap pur jus dans toute la discographie de Jul, en mode freestyle radio pour déballer ses tripes, comme Dans la légende sur l’album My World. Avant ce disque, le rappeur se fait remarquer avec le titre Sort le cross volé, aussi bien pour les paroles que pour la vidéo. Il récidive en février 2014 avec cette fois-ci un Auto-Tune poussé plus loin, et des voix rappelant le raï des années 1990 et 2000. Jul sort cinq disques de février 2014 à juin 2015, en étant à la composition et aux paroles où il affirme un style singulier. Mehdi Maïzi : « Avec une mise en son sommaire, mais efficace, sans sophistication, Jul peaufine son style. Il agrémente ses rythmiques rapides de sonorités électroniques, de piano ou de guitares artificielles. Sa partition est au diapason de sa recherche d’authenticité et de mélancolie dans ses textes. »

Jul, la mélancolie festive

La musique de Jul tranche avec le rap français et la mode trap du moment, il se nourrit d’influences rap et de musiques populaires, et même de zouk. Ses créations reflètent la génération des quartiers périphériques, souvent refusée dans les boîtes de nuit et qui se retrouve dans des bars qui font club, certains d’entre eux étant des bars à chicha. Les DJs de ces lieux y passent tout ce qui fait danser, électro, reggaeton, musique des années 1980 et 90… Jul chante son aversion pour les videurs, comme un écho à ces lieux et à la jeunesse qui s’y amuse. Le chanteur envoie balader les codes du rap du moment en reprenant par exemple des airs populaires à son compte, comme Freed from desire de Gala sur Mon son vient d’ailleurs. Son style de mélancolie festive, mélancolie typique du rap marseillais sur rythmes rapides, s’affirme. Le morceau En Y sur My World symbolise cet univers, le Y faisant références aux roues arrières à moto ou en scooter.

Nouveau départ seul à bord avec « My World »

Dès ses débuts, les albums de Jul se vendent très bien alors que les fans de rap se sont largement tournés vers le streaming. Pour autant, le chanteur se sépare du label Liga One Industry en 2015, après avoir rendu public leur contentieux financier, déclarant qu’il n’a pas d’argent, n’ayant rien touché des quatre albums (Dans ma Paranoïa, Lacrizeomic, Je trouve pas le sommeil, Je tourne en rond) ou des t-shirts vendus à son effigie. Jul fonde alors son propre label, D&P, pour « D’or et de platine », c’est ainsi qu’il sortira en décembre 2015 son album My World en étant le seul capitaine à bord.

Mehdi Maïzi  : « Cet album ouvre une nouvelle ère pour Jul qu’on pourrait baliser de cette fin 2015 à décembre 2017 et la sortie de ‘La tête dans les nuages’. Pendant ces deux années, Jul sort neuf disques : cinq albums studio officiels et quatre albums dits gratuits, des compilations de titres que Jul met en ligne chaque jour sur une période allant de deux semaines à un  mois. 2015 à 2017 est la période au cours de laquelle, le rappeur signe ses premiers tubes grand public. » La jeunesse de France danse alors sur Wesh alors, sur On m’appelle l’ovni, sur les rythmes caribéens de Chikita ou encore sur Ma jolie.

Écoutez la suite de l’histoire de Jul, ses collaborations avec Alonzo, dans cette Heure du rap dédiée au rappeur marseillais.

L’équipe de l’épisode :

Auteur : Raphaël da Cruz
Realisation : Jérôme Chélius
Mixage : Rémi Sistiaga