Par

Salomee Tafforeau

Publié le

17 août 2025 à 7h46

En France, le surnom de « Ville rose » évoque aussitôt Toulouse. Or, saviez-vous qu’il existe cinq villes avec cette épithète à travers le monde, dont trois seulement se trouvent en région Occitanie ? Le Figaro a en effet dévoilé cet été son classement des « cinq Villes Roses sur la planète », et les deux dernières sont bien éloignées de nos latitudes… Plus curieux encore, il s’avère que la couleur rose n’a pas du tout été associée à Toulouse pour ses briques à l’origine !

La place du Capitole à Toulouse, la place Royale à Montauban (Tarn-et-Garonne), le Palais des Vents à Jaipur (Inde) et la place de la République à Erevan en Arménie.
La place du Capitole à Toulouse, la place Royale à Montauban (Tarn-et-Garonne), le Palais des Vents à Jaipur (Inde) et la place de la République à Erevan en Arménie. (©Actu Toulouse, Pexels, Google Street View)Toulouse, baptisée « Ville Rose » par les poètes

La plus populaire des Ville Rose est sans nul doute Toulouse – à l’échelle de l’Hexagone. Ceux qui y mettent les pieds pour la première fois ne s’étonnent pas que la commune ait été surnommée ainsi. Il suffit de voir la profusion de briques alentour ! Or, les briques n’y sont pour rien dans l’affaire… Tout commence en 1906 quand le terme est popularisé par les poètes locaux, qui se plaisent à comparer Toulouse avec une femme à la peau rose. Et le secteur du tourisme d’y saisir une belle opportunité, elle d’en faire la marque officielle de Toulouse pour la mettre sur la carte.

Tous les moyens de communication sont mis en œuvre : élaboration d’une effigie avec une rose à la main, vente de carte postale la figurant en pied… Qu’importe qu’à l’époque, les murs de Toulouse soient peints en blanc pour réfléchir la lumière. La figure de style l’emporte. Jusqu’en 1949… où les élus locaux décident que les comparaisons poétiques ne suffisent plus : il serait bon d’abandonner la fâcheuse manie de peindre les murs en blanc pour qu’on puisse enfin voir les briques. Et Toulouse, suivant leur volonté, de rougir à vue d’œil.

La place du Capitole, à Toulouse, sera-t-elle élue Monument préféré des Français 2025 ?
La place du Capitole à Toulouse. (©Marie Lamarque / Actu Toulouse)Albi et Montauban, le rose aux joues

Toulouse est certes la « Ville Rose » la plus populaire de l’Hexagone, mais elle n’est pas la seule à en mériter le titre. En région Occitanie, ses cadettes Montauban (Tarn-et-Garonne) et Albi (Tarn) ont aussi gagné cette épithète en raison de leur architecture faite de briques et de tuiles romaines. Toutes deux sont toutefois plus connues respectivement sous le nom de cité d’Ingres, Montauban étant la ville natale de l’illustre peintre du même nom, et de cité épiscopale, Albi ayant gagné ce titre au XIIIe siècle suite à la croisade des Albigeois contre les Cathares.

La cathédrale Sainte-Cécile abrite un trésor qui vaut le détour.
La cathédrale Sainte-Cécile à Albi. (©Fabien Hisbacq – Actu Occitanie)

Albi aurait pourtant aussi bien pu mériter l’épithète de ville bleue, du fait qu’elle se soit imposée comme la plateforme tournante du commerce de pastel entre la fin du Moyen Âge et la Renaissance. Cette plante locale fournissait en effet un colorant bleu très recherché… Quant à Montauban, les couleurs Vertes et Noires en sont devenues indissociables depuis que son équipe de Rugby s’est qualifiée pour le Top 14 !

La place Royale à Montauban (Tarn-et-Garonne).
La place Royale à Montauban (Tarn-et-Garonne). (©Maxence Dourlen/Actu Occitanie)Jaipur, peinte en rose pour symboliser l’accueil

Bien loin de la région Occitanie, deux autres villes possèdent le titre de « Ville Rose » dans le monde. L’une d’elles n’est autre que Jaipur, la capitale du Rajasthan au nord de l’Inde. Ceci suivant la volonté du Maharaja, Sawai Ram Singh, qui a ordonné en 1876 de peindre la ville dans cette teinte symbolisant l’accueil en vue de la visite de la couronne d’Angleterre. L’Inde se trouvait alors sous colonisation britannique. Le souhait du roi aura survécu au temps : la couleur rose, qui varie en réalité du pastel au rouge, a depuis été imposée par décret à l’architecture urbaine.

Aujourd’hui, Jaipur est connue de par le monde sous le titre de « Pink City », en premier lieu grâce à son Palais des vents, Hawa Mahal. En 1924, l’écrivain André de Fouquières décrivait ainsi Jaipur comme « un décor d’Opéra-Comique, où tout est féerique, transparent, aérien et rose » dans un article de la revue mensuelle Les Modes.

Le Palais des Vents à Jaipur (Inde).
Le Palais des Vents à Jaipur (Inde). (©Pexels / Mrudula Thakur)Erevan, bâtie en rouge sous l’Union Soviétique

La cinquième autre ville à appartenir à la catégorie unique des « Ville Rose » dans le monde, après Jaipur, se trouve également bien loin de la région Occitanie puisqu’il s’agit de la capitale de l’Arménie, Erevan. Bâtie dans un premier temps durant la période stalinienne par des architectes traditionalistes, qui utilisaient des matériaux rouges comme le tuf volcanique, Erevan a été dénommée la « ville rose ». Dans un second temps, la place de la République (autrefois nommée place Lénine) et l’Opéra naissent avec les constructivistes, « tenants de l’architecture prolétarienne », selon Françoise Ardillier-Carras, professeure de géographie à l’université d’Orléans et spécialiste de l’Arménie.

La place de la République à Erevan en Arménie.
La place de la République à Erevan en Arménie. (©Google Street View)

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