Avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, les écuries ont choisi de rafraîchir leurs duos. Le timing était en effet excellent pour faire monter des rookies et leur laisser le temps de s’acclimater afin d’être rodés dès la saison prochaine. Les cartes rebattues entre les écuries en 2026, chacun aura sa chance, même s’il existe déjà des rumeurs de favoris…
Ces jeunes pilotes, que nous avions déjà aperçus lors de FP1 et en Formule 2 ont donc commencé leur carrière en catégorie reine en mars dernier, prenant de l’expérience dans une saison de transition.
Kimi aux mains d’argent
Nous avons tant entendu parler de Kimi Antonelli la saison dernière, de son talent brut pour son jeune âge, et Mercedes a tant fait pour pouvoir l’aligner aux côtés de George Russell, que forcément nous attendions beaucoup de l’Italien. Pour lui, la pression devait être énorme. Surtout après son apparition en FP1 à Imola l’année dernière qui ne s’est pas passée comme prévue.
Actuellement 7ème au championnat pilote avec 64 points, Antonelli a jusqu’ici connu des hauts, comme avec sa troisième place au Canada, mais aussi des bas. Un passage à vide avec quelques mauvais résultats et 4 DNF (“Did Not Finish”, c’est-à-dire des courses qu’il n’a pas terminées) sur 14 Grand Prix, dont deux à la suite en Autriche et en Angleterre. Ces deux derniers sont survenus suite à des accrochages. Le premier à Spielberg avec Verstappen au troisième virage du premier tour, après avoir bloqué ses pneus; le second en conséquence d’un incident avec Isack Hadjar à Silverstone, sous la pluie. Évidemment, cela fait partie de l’apprentissage d’un jeune pilote. Et parmi ces DNF et mauvaises courses se trouvent également des problèmes mécaniques qui ne sont pas de son fait. Apprendre à gérer les aléas de la course est tout aussi important que de se sentir à l’aise dans sa monoplace.
Bien qu’étant septième au championnat, Andrea Kimi Antonelli n’est pas le rookie qui a le plus impressionné en cette première partie de saison. Sûrement dû au fait des attentes qu’on avait à son égard, mais aussi puisque d’autres rookies, moins bien lotis, ont réalisé de belles performances.
L’espoir français
Parmi les belles performances effectuées par des rookies, nous ne pouvons que citer celles d’Isack Hadjar. Bien qu’ayant connu un moment difficile dès le premier Grand Prix de la saison, en Australie, le Franco-Algérien a su rebondir et montrer son talent week-end après week-end, notamment lors de celui de Monaco, où le jeune pilote a effectué sa meilleure qualification (5ème sur la grille après la pénalité de Lewis Hamilton) et enregistré son meilleur résultat en course: 6ème.
Après 14 Grand Prix, Hadjar se classe 13ème au championnat avec 22 points marqués pour Racing Bulls. S’il a marqué les esprits dès le premier Grand Prix lorsqu’il a été consolé par Anthony Hamilton, père de son idole, il a ensuite su prendre ses marques dans la catégorie. Ce, malgré un changement de coéquipier et un nouveau team principal. Certains l’envoient même déjà chez Red Bull, en remplaçant de Yuki Tsunoda. Mais la précipitation n’est pas la solution. Certes, il semble à son aise dans son écurie mais il reste en apprentissage et dans sa première année en Formule 1. Nico Rosberg et l’intervenant Canal+ Franck Montagny lui urge même de refuser la proposition si elle se présente. Hadjar le disait lui-même au micro de Julien Fébreau durant le Grand Prix de Silverstone: “Si j’étais prêt pour aller chez Red Bull, ça voudrait dire que je marque des points tous les week-ends, que je n’ai pas grand chose à apprendre au final dans l’équipe où je suis et je pense que ce n’est pas le cas […] Je suis bien où je suis”. Toujours honnête dans ses déclarations, lorsqu’on lui demande si, “par contre, 2026 ça peut être intéressant”, le Français approuve. A voir donc ce que le futur (et Helmut Marko) lui réserve…
Le Brésil à l’honneur
Un autre jeune pilote qui a impressionné, notamment récemment en signant son meilleur résultat en course et sa meilleure qualification en Hongrie, est Gabriel Bortoleto. Le Brésilien, faisant partie de la structure de management de Fernando Alonso, réalise en effet de belles performances au volant de sa Kick Sauber. Notamment depuis l’Autriche, où il a marqué ses premiers points en terminant huitième. Nous aurions pu nous en douter après qu’il est enchaîné les catégories inférieures à la manière d’Oscar Piastri, remportant la Formule 3 et la Formule 2 dès la première année. La Formule 1 est cependant un cran au-dessus, et il faut pouvoir réussir à franchir ce cap.
Les propos tenus par Helmut Marko en début d’année, parlant d’un “pilote de catégorie B” contrastent avec ceux d’Alonso, qui pense que les performances du rookie sont sous-estimées. Bien que 17ème au championnat avec 14 points, le champion de Formule 2 2024 est en lice pour obtenir le trophée du meilleur rookie de l’année. Il semble s’améliorer de week-end en week-end, tout comme sa monoplace, et semble également bien s’intégrer au sein de son écurie. Il était par ailleurs le premier à féliciter son teammate, Nico Hulkenberg, lorsque ce dernier est monté sur le podium pour la première fois de sa carrière à Silverstone.
Premier Brésilien à accéder à la F1 depuis Pietro Fittipaldi et à marquer des points depuis Felipe Nasr, le rookie fait briller son pays. Et le Brésil peut compter sur Bortoleto pour porter haut les couleurs de son drapeau.
La relève britannique
Un drapeau que nous avons l’habitude de voir en Formule 1 est celui du Royaume-Uni. En effet, le pays compte désormais quatre pilotes britanniques, Oliver Bearman étant la dernière recrue. Pilote de la Ferrari Driver Academy, l’Anglais avait disputé deux Grands Prix l’année dernière, remplaçant respectivement Carlos Sainz à Jeddah puis Kevin Magnussen en Azerbaïdjan, pour Haas. Marquant les esprits en inscrivant des points lors de ses deux apparitions, Bearman avait signé chez Haas pour la saison 2025. Aujourd’hui titulaire au sein de l’écurie américaine, le pilote est 19ème au championnat, avec 8 points à son actif.
Sa première saison n’est pas forcément celle rêvée. L’écurie a souvent du mal à mettre les choses bout à bout et à réaliser de bons week-ends, que ce soit avec Bearman ou avec Ocon. Cela n’enlève rien au potentiel que l’on connaît de l’Anglais, qui a lui aussi commis des erreurs, qualifiées de “coûteuses” par le pilote lui-même, dans cette première partie de saison. Loin de réaliser des performances catastrophiques, il a désormais besoin de régularité. La monoplace ayant bénéficié d’améliorations ces derniers week-ends, il pourra continuer à en exploiter les avantages dès le prochain Grand Prix.
Made in Alpine
Du côté d’Alpine, nous avons assisté aux débuts de Jack Doohan en Formule 1 en première partie de saison, mais seulement pour six Grands Prix. Durant ceux-ci, l’Australien n’a pas marqué de points et a connu deux DNF, dont un lors de sa dernière course, à Miami. Critiquée par de nombreuses personnes pour ne pas avoir laissé assez de temps au jeune pilote, Alpine semblait avoir déjà fait son choix avant le début de saison, sujet à beaucoup de rumeurs concernant Doohan. Peu importe les résultats qu’il apportait, son destin était donc, semble-t-il, déjà tracé. Il fut remplacé dès Imola par Franco Colapinto, que nous avions déjà aperçu l’année dernière chez Williams, remplaçant alors Logan Sargeant. Ses performances avec l’écurie britannique avaient séduit l’écurie française. Depuis, l’Argentin évolue aux côtés de Pierre Gasly, et n’a, jusqu’ici, pas marqué de points.
20ème au championnat pilote, le rookie n’a jamais terminé une course plus haut qu’à la 13ème position, tout comme son prédécesseur. Il poursuivra son apprentissage dans cette seconde moitié de saison. Alpine finira probablement l’année avec son duo actuel, avant d’annoncer qui occupera le second baquet en 2026.
Un semi-débutant
Liam Lawson est certes entré dans sa première saison complète en Formule 1, il a néanmoins acquis de l’expérience au cours de ces dernières années, remplaçant Daniel Ricciardo deux années de suite. Promu aux côtés de Max Verstappen pour 2025 avant d’être remercié de l’écurie mère après deux Grands Prix en raison de résultats insuffisants, le Néo-Zélandais reprend désormais ses marques chez Racing Bulls. Lawson prend de l’assurance récemment, revenant sur son coéquipier Isack Hadjar, qu’il l’avait jusqu’ici devancé.
Il est actuellement 15ème au championnat, comptant 20 points. Mais avec autant de week-ends déjà disputés, nous ne pouvons pas réellement le considérer comme rookie.
La saison 2025 n’en a sûrement pas finie avec les surprises et ces rookies vont encore prendre de l’expérience, bonne ou mauvaise, dans les dix Grands Prix restants. Parmi ces jeunes pilotes, vous avez forcément votre favori, que vous avez hâte de revoir performer. Rassurez-vous, l’attente est bientôt finie. Nous retrouverons les 20 pilotes de Formule 1 aux Pays-Bas, du 29 au 31 août prochain.