Saison 1975 : Vittorio Brambilla entreprend sa deuxième campagne en Formule 1. Il n’est alors plus tout jeune. De plus, il pilote une monoplace qui n’est pas l’une des meilleures du plateau. Et pourtant, il va s’imposer devant les ténors de la discipline, sous une pluie torrentielle.
Né tout près du « Temple de la vitesse »
Né à Monza en 1937, à seulement quelques kilomètres du mythique circuit, le jeune Vittorio Brambilla commence sa carrière à moto avant de s’essayer avec succès au karting. Il passe ensuite à l’automobile et devient le pilote favori d’une entreprise italienne d’outillage : Beta.
Il décroche le titre en Formule 3 italienne en 1972, puis connaît une bonne saison en Formule 2 en 1973 en obtenant deux victoires au volant d’une March de couleur orange arborant le logo de son sponsor. On le surnomme « le Gorille de Monza », à cause de son style de pilotage agressif, de son désir de vous écraser les phalanges quand il vous serre la main, de son penchant à détruire ses voitures et de son attitude résolument machiste.
Vittorio Brambilla était surnommé « le Gorille de Monza ».
Photo de: Rainer W. Schlegelmilch / Motorsport Images
Le parrainage de Beta aide Vittorio Brambilla à accéder à la Formule 1 la saison suivante, au sein de l’écurie officielle March alors dirigée par Max Mosley. À bord d’une March 741 à moteur Ford Cosworth DFV, il ne récolte toutefois qu’un seul point, en Autriche.
En 1975, il reste chez March et pilote une 751 aux côtés de Hans-Joachim Stuck. Arrive le Grand Prix… d’Autriche. L’Italien se qualifie au huitième rang tandis que Niki Lauda, leader du championnat avec une confortable avance sur ses rivaux, place sa Ferrari 312T en pole position devant l’étonnant James Hunt, aux commandes de sa Hesketh 308 à moteur Cosworth.
L’effroyable accident de Mark Donohue
Une tragédie survient toutefois durant le warm-up. La March de l’écurie Penske, pilotée par Mark Donohue, sort violemment de la piste au virage Hella Licht suite à une défaillance de son pneu avant gauche. La monoplace est catapultée par-dessus les rails de sécurité et percute un gigantesque panneau publicitaire, fauchant deux commissaires de piste, dont un perdra la vie.
L’épave de la March de Mark Donohue.
Photo de: David Phipps
Malgré l’absence totale de blessures apparentes, Mark Donohue souffre toutefois d’une sévère commotion cérébrale, car son casque a percuté un des poteaux qui soutenaient le panneau. Il se plaint de maux de tête. Transporté à l’hôpital, il sombre dans l’inconscience, et en dépit d’une opération d’urgence au cerveau, il mourra deux jours plus tard.
Marche arrière, toute !
Juste avant la course, un orage violent s’abat sur l’Österreichring. Les officiels retardent le départ de 45 minutes, mais une bruine tombe toujours au moment où la meute est libérée. Niki Lauda prend la tête devant Patrick Depailler, sur une Tyrrell 007, et James Hunt. Pendant ce temps, Vittorio Brambilla roule comme une fusée et double ses rivaux avec aisance.
Au 15e tour, James Hunt et Vittorio Brambilla doublent Niki Lauda. Quatre boucles plus tard, l’Italien passe devant le Britannique quand ce dernier hésite à doubler un retardataire. La pluie s’intensifie et les gerbes d’eau projetées par les énormes pneus deviennent de plus en plus impressionnantes. Les discussions font rage dans le bureau de la direction de course… Faut-il stopper la course ?
Les conditions deviennent réellement dangereuses sur l’Österreichring, tracé ultra rapide qui n’a rien à voir avec l’actuel Red Bull Ring. Le directeur de course s’apprête à présenter le drapeau à damier à Vittorio Brambilla, toujours en tête.
Vittorio Brambilla a fêté sa victoire avec une monoplace amochée !
Photo de: Motorsport Images
Ce dernier est si excité à l’idée de gagner en Formule 1 qu’il lève les bras au ciel, mais sa March part en aquaplaning et fait un demi tête-à-queue : l’Italien devient alors le premier pilote à gagner un Grand Prix en marche arrière ! Sa March percute les rails de protection après avoir franchi la ligne d’arrivée, et le vainqueur effectue son tour de décélération avec une voiture au capot et au train avant fortement amochés.
Puisque la course a été interrompue au 29e des 54 passages, seulement la moitié des points est accordée. James Hunt termine au second rang devant Tom Pryce sur sa Shadow DN5. Jochen Mass (McLaren M23), Ronnie Peterson (Lotus 72 E) et Niki Lauda complètent le top 6 de cette course folle.
Cette victoire restera la seule de Vittorio Brambilla en Formule 1, seulement précédée d’une unique pole position, en Suède la même année. Il raccrochera le casque en 1981, après quelques Grands Prix courus pour Alfa Romeo les deux saisons précédentes, et mourra vingt ans plus tard d’une crise cardiaque, à 63 ans.
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