l’essentiel
Peintre animalier est une spécialité qui retrouve sont lustre. Jocelyne Talbaut en est une représentante des plus talentueuses. Minutie sens de l’expression donnent vie à l’animal

Depuis qu’elle est à la retraite, après trente ans à tenir un restaurant, Jocelyne Talbaut a du temps libre pour s’adonner au dessin et à la peinture. Son sujet favori, les animaux où le public est subjugué par la précision du trait, des attitudes ou des regards. « Je peins surtout des animaux parce que je les aime » se contente-t-elle d’expliquer. Comme si cette condition, nécessaire peut-être, était suffisante pour arriver à ce degré où l’observateur peut croire qu’il s’agit d’une photo tant le moindre détail du poil ou de la pupille est vraisemblable. Dans sa Normandie natale, elle dessinait déjà d’imagination. « Je vivais à la campagne, on n’avait pas de reproductions ni de photos à disposition. Avec le travail comme cuisinière à Paris, puis comme infographiste, j’ai arrêté de dessiner jusqu’à l’âge de quarante ans ». La cuisinière a repris le pinceau, les crayons et les pastels quand elle est venue dans le Tarn se mettre à son compte. Le premier public de ses toiles animalières a été la clientèle de midi. Elle a commencé par l’huile, mais l’a vite arrêtée : trop longue à sécher pour une femme occupée en cuisine. Elle s’est tournée vers l’acrylique, à séchage plus rapide et retouches plus faciles. Mais c’est vers le pastel que se porte son cœur. « Il est féminin, sensuel, on touche vraiment la matière. On a l’impression de caresser le modèle ». Jocelyne travaille sur des papiers pastel mats. Le premier geste consiste à choisir la photo pour s’en inspirer. Pour les fonds, elle s’en détache souvent : l’objectif est de faire ressortir l’expression.

Les outils sont simples : des crayons et des craies pastel sec. Jocelyne Talbaut travaille sur chevalet, pose son dessin au crayon ou au fusain sur un fond léger, de haut en bas, ce qui induit de protéger le dessin des poussières. « Pour ça, je me sers d’un papier cristal ». Tout est minutieux, à commencer par l’affûtage des crayons au cutter. « Je n’ai pas trouvé d’appointe-crayon qui me convienne. Elle aime reproduire chez un animal, c’est son humeur du moment, sa sensibilité. Elles se lovent souvent dans son regard. « C’est lui qui donne vie ».

Ses fans sur Facebook (Galerie Talbaut) lui reconnaissent ce talent particulier. Un point de blanc et l’œil change d’angle ou d’expression. Tout se joue dans un infime détail. Un chat de gouttière aux aguets, un écureuil joueur, un étalon brun aux grands yeux, un berger allemand affable, un renardeau… Le bestiaire de Jocelyne Talbaut s’élargit, les « likes » aussi (plus de 12 000 pour un chat). Jocelyne Talbaut garde la plupart des toiles chez elle. « Je les montre si on me demande. La plupart ne sont pas encadrées ». Certains l’appellent pour immortaliser leur chat ou leur chien. Jocelyne ne philosophe pas sur ses tableaux : elle laisse au spectateur le loisir de les regarder, de les aimer, de les acquérir le cas échéant. Parce que la peinture reste pour elle une passion, elle n’est jamais devenue un travail forcé.