Lorsque les Canadiennes Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson ont été présentées à la foule montréalaise avant leur match de quart de finale contre Thamela Coradello et Victoria Lopes, samedi, les deux Brésiliennes se sont échangé un long regard. Impressionnées et intimidées par le rugissement de la foule, les deux joueuses ont mis leurs mains sur leurs hanches avant de baisser les épaules.

Publié hier à 21 h 24

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C’était, à ce moment précis, le début de la fin pour le meilleur duo au classement mondial de volleyball de plage. Les Canadiennes les ont battues en deux manches de 21-10 et 21-19 pour assurer leur place en demi-finale.

« On le voit dans le visage de nos adversaires, a confirmé Wilkerson au terme de la rencontre. Elles sont comme tétanisées et presque déroutées par toute la vague d’amour que l’on reçoit. »

L’animatrice de foule au circuit Gilles-Villeneuve a eu du mal à faire taire les partisans en début de rencontre. Si bien que le Canada a repris le service du Brésil sur le premier point.

La suite fut presque une balade dans le parc, ou sur la plage, pour les Canadiennes. Elles ont accusé du retard une seule fois dans la manche, à 3-2, avant de prendre leur élan pour de bon. La première manche s’est conclue en seulement 15 minutes.

« Ça a pris beaucoup de patience, une bonne exécution et une bonne défense contre la pression qu’elles mettaient sur nous au service. Notre plan de match était relativement simple, nous ne voulions pas en faire trop », a résumé Humana-Paredes devant une meute de partisans qui attendaient impatiemment que l’entrevue se termine pour pouvoir faire signer ballons et drapeaux canadiens.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Brandie Wilkerson au filet

Étonnamment, la meilleure équipe sur la planète n’a jamais trouvé le moyen de s’adapter en première manche. Comme si elles avaient été secouées par l’aplomb des championnes du tournoi en 2023.

« Je pense vraiment qu’elles ont joué au meilleur de leurs capacités, a expliqué Wilkerson. On savait que contre une équipe qui excelle autant cette saison, il fallait à tout prix bien commencer notre match. On voulait donner le ton et prendre le contrôle rapidement. »

L’étoile inattendue

Les Brésiliennes ont offert une meilleure opposition en deuxième manche. Elles se sont cependant butées à une équipe simplement mieux organisée et plus déterminée.

Sur les attaques, les blocs et les services, les médaillées d’argent aux derniers Jeux olympiques n’ont rien laissé à leurs adversaires. Elles ont eu l’avantage dans toutes les catégories statistiques.

« Nous avons fait de superbes récupérations, on a bien frappé le ballon et on a touché nos cibles », a témoigné Wilkerson.

Et si Wilkerson a brillé pendant la phase de groupe, Humana-Paredes a pris toute la place dans ce match sans lendemain. Habituellement une référence en défense, l’Ontarienne de 32 ans pointait au quatrième rang pour les récupérations depuis le début du tournoi. Néanmoins, c’est en attaque qu’elle s’est illustrée. Avec trois as et de nombreuses touches gagnantes au filet, Humana-Paredes a propulsé son équipe à l’étape suivante.

« Absolument », a lancé sa partenaire lorsqu’on a fait la remarque au duo.

« Mais non, c’est Brandie qui bloque les attaques au filet », a toutefois répondu Humana-Paredes, visiblement peu habituée de recevoir des compliments pour son rendement dans cette phase du jeu.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Melissa Humana-Paredes

Puis Wilkerson lui a fait entendre raison : « On parle de tes coups gagnants au filet, pas de tes blocs ! Je ne sais pas pourquoi elle ne comprend pas, elle était incroyable. »

Enfin, Humana-Paredes a suggéré que sa performance était attribuable au placement de balle de sa partenaire. « Brandie m’a tellement bien assistée, j’avais de super bons angles d’attaque et je pense que cette partie s’est déroulée différemment. Je sentais mieux mes coups, je me sentais plus offensive et elles jouaient pour que j’attaque, alors rapidement j’ai dû m’ajuster dans le match. »

Une semaine concluante

Les Canadiennes affronteront les Brésiliennes Duda Lisboa et Ana Patricia Ramos en demi-finale, dimanche. Le même duo qui les avait battues en finale des Jeux de Paris il y a un an.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le 9 août 2024, les Canadiennes ont perdu le match de la médaille d’or contre les Brésiliennes Lisboa et Ramos aux Jeux olympiques de Paris.

Peu importe le résultat de cette demi-finale, les Ontariennes sont assurées d’obtenir leur meilleur résultat de la saison. Elles ont pris le cinquième rang trois fois en 2025.

On s’est abandonnées ce soir et ça a fait du bien de jouer comme ça. On ne peut jamais baisser notre garde. Même si tu penses que c’est dans la poche, tu dois toujours continuer à pousser.

Melissa Humana-Paredes

Le duo revendique une fiche parfaite de quatre victoires en autant de matchs depuis le début du tournoi.

Et comme c’est le cas depuis jeudi, les deux joueuses commencent et terminent chacune de leurs entrevues en rappelant que les cris, les encouragements et les applaudissements importent plus qu’il n’y paraît. « C’est la foule canadienne. On ne peut pas l’ignorer. On ne joue pas seulement pour nous, mais pour tout le monde dans les gradins. »

Humana-Paredes a conclu l’entrevue d’après-match en affirmant qu’elles « attendaient ça depuis le début de l’année ». Cependant, on ne sait toujours pas si elle parlait de l’occasion de se battre pour une médaille ou de jouer devant parents, amis et compatriotes. Au fond, c’est peut-être un peu des deux.